A Paris, les Loubavitch fêtent Hanoucca devant la Sorbonne avec la maire du 5ème arrondissement





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Florence Berthout, maire du 5ème arrondissement, à la fête de Hanoucca devant la Sorbonne

Hanoucca, c'est d'abord une superstition juive comme les monothéismes savent en produire sans retenue : il y a bien longtemps une fiole d'huile aurait brûlé plus longtemps qu'attendu. Chacun-e est naturellement libre de croire à ce que bon lui semble afin de s'arranger avec la vie à l'aide du placebo de son choix. Pour les chrétiens, un type aurait marché sur l'eau voilà deux millénaires tandis que, pour les musulmans, un autre aurait visité "Dieu" et sa clique lors d'un voyage nocturne. Peu importe. Mais imposer dans l'espace public la pratique de ces archaïsmes ridicules relève d'un prosélytisme anachronique. La liste des nombreuses célébrations publiques de Hanoucca entre le 6 et le 14 décembre peut être consultée ici.

L'étrange conception de la laïcité de Florence Berthout

Concrètement, Hanoucca consiste à allumer une menorah (chandelier) en divers lieux publics de Paris et de banlieue. Pour organiser cette "fête des lumières" devant la Sorbonne le jeudi 10 décembre, les Loubavitch ont obtenu le soutien enthousiaste de la maire de l'arrondissement, Florence Berthout (LR). Présente lors de l'événement, arborant un large sourire, elle n'a pas hésité à présenter son aide aux Loubavitch comme une contribution à la laïcité : "je suis et je serai toujours à vos côtés". En guise de remerciement, un rabbin lui a offert une menorah en chocolat. Les hommes en noir distribuaient aussi, tout sourire, des beignets de Hanoucca, à commencer par les deux policiers présents, un homme et une femme avec gilet pare-balles et pistolet mitrailleur Beretta.

S'afficher aux côtés des religieux est, historiquement, un triste retour en arrière : le besoin de laïcité réside, au contraire, dans la mise à distance de la religion afin qu'elle n'interfère pas avec la vie publique.

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Après l'intervention assez politique d'un responsable de l'Union des étudiants juifs de France, Benjamin Chemla, le clou du spectacle a consisté en l'allumage de six bougies par autant de catégories d'étudiants. Hasard ou pas, la tâche a été confiée uniquement à des garçons : les filles n'ont été que spectatrices alors que les deux sexes était représentés à parts égales dans l'assistance d'environ 200 personnes. Une fois l'allumage complet effectué, la sono est poussée à fond et la spiritualité cède la place au disco hassidique.

État d'urgence : rassemblements interdits sauf pour les Loubavitch

Que l'obscurantisme loubavitch prétende constituer une lumière pour l'humanité quand on ne sait que rêver de temps anciens n'est pas la moindre des incohérences. Bien sûr, chacun est libre de se réfugier dans le slogan de son choix pour rendre la vie moins complexe et s'économiser l'effort du doute. Il est par contre totalement antilaïque que cet événement religieux ait eu lieu dans un lieu public avec la participation d'une élue et de la police. Ce dernier point est sans doute le plus révélateur de cette faveur d'exception :

l'interdiction de rassemblement pour cause d'état d'urgence (une décision gravissime et génératrice de nombreux abus) est appliquée aux écologistes (le 29 novembre Place de la République) mais pas aux Loubavitch.

Les ambiguïtés de Libération

Cette négation de la laïcité s'ajoute à de nombreuses autres amabilités envers les religions : prières de rue de l'extrême droite catholique, soirées Ramadan de la Mairie de Paris, etc. Plus surprenant, une contribution à la célébration de Hanoucca sur la place publique a été apportée, le même jour, par le quotidien Libération. Une annonce des Loubavitch y est parue pour un autre allumage de bougies, place du Maréchal Juin dans le 17ème arrondissement. A Libé on est Charlie, on plaide pour la laïcité, mais on ne dirait pas non à une menorah en chocolat.

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Annonce pour Hanoucca parue dans Libération le 10 décembre 2015



12 décembre 2015

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