Kadosh
Amos Gitaï
1999, fiche technique
Le film débute à Jérusalem dans une famille juive orthodoxe par le lever du mari Meir qui, avant de témoigner un signe d'affection à sa femme Rivka, récite des prières parmi lesquelles remercier son dieu de ne pas l'avoir fait femme. Le ton est donné: la paralysie de la femme par le judaïsme intégriste en Israël. Le film se déroule tout entier à Jérusalem, dans un monde clos, avec un nombre limité d'acteur, signe de la micro société organisée par les juifs. Meir ne travaille, il étudie la torah et le talmud depuis plus de 10 ans dans une yeshiva en compagnie de quelques autres collègues tous autant emprisonnés dans leurs textes. C'est une minorité de la société israélienne où l'homme a pour seul but l'étude et la femme la procréation d'enfants mâles destinés à suivre l'exemple du père dans une école religieuse. Rivka est elle aussi sincèrement croyante et accepte sa condition, enfermée dans le moule. On la voit prier au mur des lamentations où hommes et femmes sont séparés. Mais sa sœur, mariée de force à un autre fou de dieu collègue de Meir, refuse l'absurdité d'une vie d'esclave où la femme ne peut rire, conduire et où "une femme sans enfant est une femme morte", dixit les textes vénérés par la cécité juive. Une fin qui sera celle de Rivka.
L'excellent film d'Amos Gitaï montre un monde auto sacrifié par ses propres ouailles et qui tire gloire du musellement de ses femmes. Kadosh est une œuvre somptueuse, très bien interprétée, figée, ne laissant aucun espoir de changement. Le seul salut de cet enfer qui ne dit pas son nom réside dans la fuite. Le film brille par les nombreuses références aux textes, excellent argumentaire autant sur le passéisme du judaïsme que sur ses propres contradictions. A noter en particulier, un dialogue surréaliste sur la conformité avec le judaïsme de la préparation du thé pendant le shabat.
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