Larry Flynt
Milos Forman
1996, fiche technique
Larry Flynt n'est pas un saint et s'en voudrait de l'être. Son métier c'est le porno (pas l'érotisme), celui qui montre tout et qui lui rapporte aussi beaucoup de dollars par sa revue Hustler. Bien entendu ce n'est pas moral, sachant que la morale est définie par quelques intégristes chrétiens. Larry Flynt est l'adaptation à l'écran de la vraie vie du fondateur de Hustler. Les noms des protagonistes sont respectés ce qui permet d'attaquer directement le révérend Jerry Falwell, apôtre des télévangélistes américains qui n'en finit pas de clamer sa bonne parole et de proférer le rejet des mal pensants. Larry Flynt aime l'argent, le sexe, le pouvoir, abhorre le christianisme, après certes quelques dérives mystiques contractées au contact de la sœur du président Carter, et n'a que faire de principes politiques. A quoi il faut ajouter que l'usage de stupéfiants lui a fait faire connaissance avec le milieu psychiatrique. Mais là n'est pas l'objet du film, Milos Forman ne souhaite pas nous faire aimer Larry Flynt ou sa pornographie, une entreprise qui serait perdue d'avance. Par l'avocat de Flynt, Isaacman, il nous procure plutôt un plaidoyer pour la liberté d'expression garantie par le premier article de la constitution des USA. L'état ne saurait interdire les activités de Larry Flynt, chacun doit avoir le droit d'acheter ou de ne pas acheter Hustler, chacun doit avoir le droit d'aimer ou de détester la pornographie. Ni la justice des Etats Unis, ni les groupes de pression chrétiens n'ont le pouvoir de définir ce qui est moral et ce qui ne l'est pas. L'énoncé présent d'un interdit peut être générateur de répressions plus graves dans un futur proche. Et qu'est-ce qui est le plus sale ? L'exposition de personnes nues au physique agréable ou les horreurs de la guerre montrées chaque jour dans les journaux et à la télévision ? Est-il normal qu'une photographie d'ordre érotique vaut l'excommunication de son auteur dans son accès aux médias alors que celui qui montre des corps détruits par la famine ou les bombes en sera récompensé ? Et c'est avec une certaine ironie que le spectateur est informé dans le générique de fin que l'un des principaux protagonistes défenseur de ce christianisme à la pensée sclérosée a été impliqué dans un des plus grand scandales financiers des USA qui a coûté 6 milliards de dollars aux contribuables! Pourtant, le réalisateur a cédé, en France, devant les protestations de l'AGRIF (organisation chrétienne d'extrême droite) : l'affiche qui présentait un homme en position de crucifié devant un bas ventre féminin a été retirée des espaces d'affichage et remplacée par une autre montrant simplement un homme muselé par le drapeau des Etats Unis d'Amérique (voir l'affiche). L'attaque de la censure chrétienne s'est donc limitée au scénario du film sans s'accompagner d'actes cohérents dans sa promotion. Le courage du réalisateur a ses limites que le commerce lui dicte.
15 novembre 2001
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