Les religions contre les femmes
S'il est un domaine où semble crédible l'œcuménisme tant prôné, hypocritement, par Jean Paul II, c'est bien celui du mépris des femmes et de la restriction de leur personnalité à la seule
fonction procréatrice. Monothéismes comme polythéismes
n'ont jamais accepté que les femmes occupent un rang égal aux hommes dans leurs sociétés ; les accuser sournoisement des
perversions masculines est un meilleur rempart contre l'aspiration à
leurs droits légitimes. Mais les démocraties ont été
bien lentes à reconnaître l'importance qui leur est due.
Le christianisme et le Nouveau Testament
Le Nouveau Testament est composé des quatre évangiles de
Matthieu, Marc, Luc et Jean et d'une collection de textes relatant les
premiers pas de l'évangélisation du pourtour de la mer méditerranée
par Paul principalement mais aussi Jacques, Pierre, Jean et Jude. Confondre
les épîtres de Paul avec des lettres effectivement écrites
par Paul serait une grande naïveté étant donné
les nombreuses réécritures et retouches apportées
aux textes dans les premiers siècles de la chrétienté.
Les quatre évangiles ne doivent leur célébrité
qu'à la sélection, effectuée progressivement par les
évêques des premiers siècles, des quatre versions les
moins contradictoires de la vie de JC parmi une soixantaine de textes.
Ces derniers, malchanceux, reçurent le nom d'apocryphes. Les actes
des apôtres, diverses épîtres et l'apocalypse sont analysés
en détachant le mépris pour les femmes intrinsèque
aux textes et pas seulement à leur interprétation par les
croyants.
La femme chrétienne n'est qu'un ventre.
Destinée à procréer, elle reste soumise à son mari
comme son mari est le sujet du Christ, lui-même fils de Dieu. Le
christianisme est très fervent de ce genre de classement rapide des
personnes et des valeurs. L'ordre est donné en (1 Cor 11, 3) : "Le
Christ est le chef de tout homme, l'homme est le chef de la femme, et Dieu le
chef du Christ" (traduction de Pierre de Beaumont, Fayard Mame, 1973). Afin que
le message soit bien entendu, le Nouveau Testament réaffirme ces
vues scandaleuses en (Ephé 6, 21-24) : "Dans la crainte du Christ,
soyez tout dévouement les uns aux autres, les femmes pour leur mari
comme au Seigneur, car leur mari est la tête de la femme comme le
christ est la tête de l'église, son corps, dont il est le
sauveur. L'église est tout dévouement au Christ, qu'il en
soit toujours de même pour les femmes vis à vis de leur mari."
La femme est au service de l'homme (Colo 3, 18) :
"Femmes, soyez tout
dévouement pour vos maris comme il convient à des personnes
unies au Seigneur".
Charlie Hebdo 11 août 2004
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La relégation de la femme au rang de servante prend des accents
musulmans en (1 Cor 11, 5-6) lorsque le port du voile s'impose comme unique
solution à la perversité féminine : "Toute femme
qui prie ou parle sous l'inspiration de Dieu sans voile sur la tête,
commet une faute identique, comme si elle avait la tête rasée.
Si donc une femme ne porte pas de voile, qu'elle se tonde; ou plutôt,
qu'elle mette un voile puisque c'est une faute pour une femme d'avoir les
cheveux tondus ou rasés." Et plus loin, en (1 Cor 11, 10) :
"C'est
pourquoi la femme doit avoir la tête couverte, signe de sa dépendance
par respect des messagers de Dieu". C'est donc au nom du respect que
les femmes chrétiennes, comme les musulmanes, se voient imposer le port
d'un torchon infamant, signe du machisme intrinsèque à toute
religion. La masculinité des mythes, en dehors de l'oppression des
femmes, trouve aussi sa pleine expression dans la violence requise à
l'imposition des dogmes. La pudeur vestimentaire ne se limite pas au voile
mais est définie en (1 Pier 3, 3) : "Votre parure ne sera pas
extérieure: ondulations des cheveux, bijoux d'or, élégance
des toilettes; elle sera toute intérieure: une âme douce et
paisible en son secret. Voila ce qui est précieux au regard de Dieu.".
Toutes au couvent! L'adultère féminin est condamné
en (Rom 7, 3 ) mais rien n'est dit sur un comportement similaire de la
part du mari. Même situation pour le veuvage où aucune exigence
n'est assénée au veuf alors que la veuve est destinée
à l'adoration de son dieu (1 Tim 5, 5-7).
Le mépris de la femme ne se limite pas au rapport hiérarchique qui l'attache à son mari
mais s'étend à ses capacités intellectuelles (1 Cor
14, 34-35) :
"Que les femmes se taisent pendant les assemblées;
il ne leur est pas permis d'y parler, elle doivent obtempérer comme
le veut la loi. Si elles souhaitent une explication sur quelque point particulier,
qu'elles interrogent leur mari chez elles, car il n'est pas convenable
à une femme de parler dans une assemblée". Une fois encore,
la Bible fait preuve d'une remarquable clarté.
Et pour couper court à toute critique, l'énervement prend
le rédacteur de (1 Tim 2, 12-14) : "Je ne permets pas à
la femme d'enseigner, ni de faire la loi à l'homme, qu'elle se tienne
tranquille. C'est Adam en effet qui fut formé le premier, Eve ensuite.
Et ce n'est pas Adam qui se laissa séduire, mais la femme qui séduite,
a désobéi.". La misogynie chrétienne n'est que
l'expression de la faute originelle, un artifice pratique pour désigner
le bouc émissaire. Mais le salut existe (1 Tim 2, 15) : "Néanmoins,
elle sera sauvée par la maternité". Un ventre, tel est
l'unique rôle de la femme dans une société chrétienne.
Le mépris de la femme assure à la religion chrétienne
un pouvoir renforcé dans la mesure où la moitié de
la population est privée du droit de parole et maintenue dans une
position subalterne. Mais, paradoxalement, les penchants mystiques sont
plus fréquents chez les femmes que chez les hommes. Il s'agit donc
d'une situation absurde où la population féminine alimente
une foi qui l'opprime et cherche son salut dans sa soumission. Plus que
jamais, la Bible reste la meilleure lecture pour se libérer d'une
religion méconnue par ses adeptes.
L'islam et le Coran
La traduction du Coran utilisée est celle de Kasimirski publiée par Flammarion
La condition féminine fait partie des plus grands scandales générés
par le Coran. La hiérarchie entre femmes et hommes doit obéir
à la règle machiste fort répandue (II, 228) : "Les
maris sont supérieurs à leurs femmes". La femme idéale
est plus proche de l'esclave soumis que d'une personne apte à décider
de sa vie (IV, 38) : "Les hommes sont supérieurs aux femmes à
cause des qualités par lesquelles Dieu a élevé ceux-là
au dessus de celles-ci, et parce que les hommes emploient leurs biens pour
doter les femmes. Les femmes vertueuses sont obéissantes et soumises."
Ou encore, sur la servitude à laquelle la femme est assignée
(VII, 188) : "C'est lui qui vous a créés tous d'un seul
homme, qui en a produit son épouse afin qu'il habitât avec
elle, elle porta d'abord un fardeau léger et marchait sans peine.".
A quand l'abrogation du code de la famille ?, par Dilem
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La femme est une possession du mâle dont il peut disposer comme
bon lui semble, tant en ce qui concerne l'épouse (II, 223) :
"Les
femmes sont votre champ. Cultivez-le de la manière que vous l'entendrez,
ayant fait auparavant quelque acte de piété.", que les
filles (II, 220) : "Ne donnez point vos filles aux idolâtres tant
qu'ils n'auront pas cru.". Et comme tout bien de consommation est jeté
lorsqu'il n'a plus les faveurs de l'utilisateur, la femme peut être
répudiée avec facilité et la procédure est
précisée en (II, 229 à 233) et (LXV, 1 à 4).
Le mépris dans lequel sont tenues les femmes éclate dans
l'équivalence "1 homme = 2 femmes" lors de la recherche de témoins
dans le règlement d'un litige (II, 282) : "Appelez deux témoins
choisis parmi vous; si vous ne trouvez pas deux hommes, appelez-en un seul
et deux femmes parmi les personnes habiles à témoigner; afin
que, si l'une oublie, l'autre puisse rappeler le fait.". Cette même
inégalité de traitement prévaut aussi dans les droits
de succession (IV, 12) : "Dieu vous commande, dans le partage de vos
biens entre vos enfants, de donner au fils mâle la portion de deux
filles; s'il n'y a que des filles, et qu'elles soient plus de deux, elles
auront les deux tiers de la succession; s'il n'y en a qu'une seule, elle
recevra la moitié." ; voir aussi (IV, 175). La primauté
de l'homme provient de son apparition première (III, 193) : "Les
femmes sont issues des hommes.", et (IV, 1) : "O hommes! craignez
votre seigneur qui vous a créés tous d'un seul homme; de
l'homme il forma sa compagne.". La polygamie est officiellement acceptée
en (IV, 3) : "Si vous craignez d'être injustes envers les orphelins,
n'épousez que peu de femmes, deux, trois ou quatre parmi celles
qui vous auront plu.", et Mahomet montre l'exemple (XXXIII, 6) : "Le
prophète aime les croyants plus qu'ils ne s'aiment eux-mêmes;
ses femmes sont leurs mères." et (XXXIII, 27) ainsi que (XXXIII,
47) : "O prophète! il t'est permis d'épouser les femmes
que tu auras dotées, les captives que Dieu a fait tomber entre tes
mains, les filles de tes oncles et de tes tantes maternels et paternels
qui ont pris la fuite avec toi, et toute femme fidèle qui livrera
son cœur au Prophète, si le Prophète veut l'épouser.".
Le machisme musulman ne se limite pas à établir une supériorité
homme - femme mais prévoit aussi la réprimande violente et
l'exprime avec la plus grande clarté (IV, 38) : "Vous [les hommes]
réprimanderez celles dont vous avez à craindre l'inobéissance;
vous les relèguerez dans des lits à part, vous les battrez;
mais aussitôt qu'elles vous obéissent, ne leur cherchez point
querelle. Dieu est élevé et grand.". Le Coran montre
ici son vrai visage de religion rétrograde et agressive, qui ne
survit que par la terreur qu'il inspire aux unes et par l'attribution d'une
supériorité factice à des hommes dépourvus
de raison. De même en (IV, 19) : "Si vos femmes commettent l'action
infâme (l'adultère), appelez quatre témoins. Si leurs
témoignages se réunissent contre elles, enfermez-les dans
des maisons jusqu'à ce que la mort les visite ou que Dieu leur procure
un moyen de salut.". La mort pour les femmes adultères, seul
remède pour un islam brutal qui, par contre, n'envisage pas le cas
de l'homme adultère. Autre exemple d'infidélité conjugale
à la charge des épouses en (LXVI, 10), avec toujours la mort
comme issue pour une religion de la domination masculine. Appeler à
la mort de l'autre, de celui qui est différent, n'est pas la marque
d'une réflexion particulièrement élaborée comme
voudraient nous en persuader les théologiens.
La psychose musulmane sur la nocivité de toute forme de coquetterie
féminine trouve son origine en (XXIV, 31) et a, depuis, donné
lieu à une généralisation délirante. Le point
culminant en est le port du voile, prescrit dans le cas d'une conversation
avec les femmes de Mahomet (XXXIII, 51) : "Si vous avez quelque demande
à faire à ses femmes, faites-la à travers un voile;
c'est ainsi que vos cœurs et les leurs se conserveront en pureté."
De même en (XXXIII, 57) : "O prophète! prescris à
tes épouses, à tes filles et aux femmes des croyants, d'abaisser
un voile sur leur visage. Il sera la marque de leur vertu et un frein contre
les propos des hommes.". Remarquer que le port du voile par les hommes
aurait le même effet "protecteur", mais cette suggestion n'est probablement
que blasphème. La femme soumise et devant fuir les regards masculins
n'a pas à espérer d'émancipation au paradis (XXXVII,
52) : "Auprès d'eux [les justes au paradis] seront des femmes
au regard modeste, et leurs égales en âge.". Enfin, les
femmes ne sont qu'une marchandise dont la valeur dépend de leur soumission
à l'islam (LX, 10).
Le Coran réduit donc la femme au rang de spectatrice et domestique
de l'homme. Elle peut être échangée ou rejetée
comme pour tout produit de consommation courante; elle est à la
charge du mari au même titre que le bétail. Le maître
peut disposer d'elle comme il l'entend et user de la force à son
encontre. L'adultère semble être une exclusivité féminine,
le mâle n'étant pas redevable envers son sujet. Parler ici
de misogynie est trop faible pour exprimer le mépris et la soumission
dont les femmes sont l'objet. On ne peut que constater que le monde musulman
actuel est resté fidèle à ces préceptes préhistoriques.
L'Iran l'a rappelé en 1995 à la conférence de Pékin
sur la condition féminine (même attitude inacceptable de la
part du Vatican). Le port du voile, commandé par le Coran, est adopté
à des degrés divers: foulard qui se limite à la couverture
de la chevelure, tissu qui ne laisse que les yeux comme unique appel au
secours, grilles infligées par les Talibans, ou encore couverture
complète du visage. Officiellement un rempart contre les regards
masculins déplacés, ce voile protège plus efficacement
les sociétés musulmanes contre leur propre barbarie en soumettant
au silence la moitié de leur population.
Le judaïsme et la Genèse
"Sois béni, Seigneur notre Dieu, Roi de l'Univers, qui ne m'as
pas fait femme", une des prières
que tout bon juif doit prononcer chaque matin.
Pure invention de quelques mâles qui auraient détourné
le message biblique ? Pas vraiment car dans la Bible, qui s'ouvre par le
livre de la Genèse, il ne faut pas attendre longtemps pour apprendre
que l'homme n'a effectivement fauté que parce que la femme l'y a
entraîné. La pomme dégustée dans le Jardin d'Eden
par la gourmandise féminine propulse l'humanité dans le Mal.
Ce dieu, qui paraît-il n'est qu'amour, condamne alors la femme a
enfanter dans la souffrance et l'assigne à l'obéissance perpétuelle
à son mari (Genèse 3, 16) : "Le Seigneur dit ensuite à
la femme: « Je rendrai tes grossesses pénibles, tu souffriras
pour mettre au monde tes enfants. Tu te sentiras attirée par ton
mari, mais il dominera sur toi »". La version biblique de "Qui
aime bien châtie bien"...
Après l'épisode de Caïn et Abel, fils d'Adam et Eve
dans cette fable multimillénaire, suit la longue énumération
de la descendance d'Adam jusqu'à Noé où seuls les
enfants mâles se voient nommés; une dynastie n'a que faire
des filles dans sa transmission. Idem pour la liste de la filiation de
Sem, fils de Noé, jusqu'à Abraham. Avec ce dernier patriarche,
les femmes commencent à faire parler d'elles, ou plus exactement
c'est leur ventre qui entre en scène. Mais toutes n'ont pas un rôle
de premier plan. Sara, épouse d'Abraham, est stérile. La
cause n'est pas précisée mais aucun croyant n'osera exiger de
son dieu qu'il lui en donne une justification. Abraham en serait-il alors
réduit à un amour uniquement charnel avec son épouse
légitime? La perpétuation d'une race soumise à son
dieu oppresseur exige au contraire son tribut de nouveaux nés afin
de mieux le célébrer et le servir. Il est donc permis à
Abraham de s'acoquiner avec Agar, l'esclave de Sara, et Ismaël viendra
au monde peu de temps après. Abraham, père d'un enfant hors
mariage... Sara, retrouvant sa fécondité, put alors
accoucher d'un fils, Isaac. Enfin, après le décès
de Sara et parce qu'il ne sert à rien de se morfondre dans le veuvage,
Abraham prit une troisième femme qui porta à huit le nombre
de ses enfants, tous des garçons naturellement. Aurait-on idée
d'assurer une lignée par le sexe fautif?
Si Abraham a montré une réelle virtuosité dans
la reproduction divinement assistée, Jacob, son petit fils, en suivit
les préceptes avec encore plus de succès. Jacob sut exploiter
toutes les ressources de la polygamie que son grand père n'aurait
certainement pas dénigrées. Et le bilan est éloquent:
un père, Jacob, quatre femmes dont deux légitimes, treize enfants. Les esprits mauvais imagineront immédiatement
que ces treize rejetons furent exclusivement des fils mais la mansuétude
divine prendra en défaut ces blasphémateurs: le treizième
enfant est une fille, résidu inutile d'une procréation abondante
dont la finalité était uniquement la création d'Israël.
Les douze garçons seront les chefs des douze tribus d'Israël.
Objets de consommation épisodique, les quatre femmes de Jacob ne
sont que des utérus dont les souhaits, les angoisses, les personnalités
n'intéressent pas les rédacteurs multiples de la Genèse.
Il est à noter qu'une femme est mentionnée d'autant plus
longtemps qu'elle est fertile; le sort des épouses stériles
étant expédié en quelques lignes (jamais il n'est
question de stérilité masculine ce qui participe précisément
de la culpabilisation systématique de la femme).
Pourtant, certaines d'entre elles ont droit à quelque apparition
sans rôle reproductif. La condamnation n'en est que plus ferme
où les seuls traits féminins se résument au commerce
de leur sexualité (Genèse 19, 6) et à la séduction
perfide comme compagne du mensonge (Genèse 39, 7-20).
Mais la perversité féminine éclate aussi dans la
seule fonction reproductrice que lui reconnaît la Bible, preuve que
la nocivité intrinsèque de la femme s'insinue même
dans ce qui devrait la grandir. Loth, neveu d'Abraham, a deux filles célibataires.
Soucieuses de procréer, elles enivrent leur père et, par l'inceste,
parviennent à leurs fins.
La Bible n'est donc qu'un ouvrage abject et répugnant, incarnation
d'un machisme religieux pour lequel une femme ne reçoit de statut
que dans la maternité.
L'hindouisme
Si une femme ne vaut pas grand chose, une veuve en vaut encore moins. Sachant
qu'une femme ne voit son existence acceptée que pour la survie de
la race ou l'assistance du mari, le décès de ce dernier rend
alors son existence superflue. L'hindouisme propose une solution dont l'horreur
le dispute à l'animalité : le bûcher! Dénommée
le sati, la crémation d'une veuve, vivante, sur le bûcher
de son mari défunt signifie à l'épouse son inutilité.
Il serait naïf de supposer cette tradition barbare enterrée
dans les profondeurs de l'histoire, un cas a été observé
en août 2002 près de Bhopal en Inde. Une femme est morte dans
les flammes du bûcher funéraire de son mari âgé
de 70 ans, mais bien qu'il y ait eu plus d'un millier de témoins
oculaires, les conditions exactes semblent assez difficiles à déterminer.
Que la veuve se soit précipitée dans le feu d'elle-même
enjointe par une foule extatique ou qu'elle y ait été poussée
par des parents pressés de récupérer ses terres, il
s'agit bien d'une mort commise au nom de sa future divinisation.
Des cérémonies de recueillement ont eu lieu peu de temps
après dans les temples voisins pour célébrer la déesse
Sati Devi qu'elle était devenue et pas pour s'apitoyer sur cette
fin barbare et insensée. Les hindous ont plus soif de nouveaux sacrifices
et d'idoles supplémentaires que de justice sociale. Il faut
que noter que ce village, situé dans une région pauvre de
l'Inde, a connu cinq sati en 150 ans.
La société hindoue réserve un traitement extrêmement
cruel aux veuves. Elles sont souvent victimes de crimes sociaux, violées
et punies par le rejet social. Le sati peut être demandé par
la belle famille qui tire profit de l'élimination de l'héritière
des biens du mari. Des lois existent comme celle sur le remariage des veuves
afin de garantir les acquis des jeunes veuves, mais l'hostilité
sociale contre les veuves demeure encore actuellement bien réelle.
En 1987, le sati d'une femme âgée de 27 ans était
devenu une affaire nationale. Bien que morte elle aussi devant des milliers
de témoins, il n'a pas été possible d'établir
si elle avait sauté dans le feu ou si elle y avait été
jetée par ses gendres. Et là encore, des célébrations
religieuses perpétuent toujours le "sacrifice".
Sur le site de la Bibliothèque Nationale de France, une gravure représente le sati dans l'ouvrage Morceaux choisis de lettres édifiantes et curieuses écrites des missions étrangères, Antoine Caillot, Paris, Brunot-Labbé, 1826.
Le bouddhisme
Bien qu'il aime à se parer d'oripeaux exotiques, le bouddhisme n'a
pas plus de considération pour les femmes que ses collègues
mono ou polythéistes. Seule sa distance des sociétés
européennes semble lui conférer une aura de respectabilité,
la lecture des textes ne la justifiant pas.
Raoul Vaneigem rappelle dans son livre De
l'inhumanité de la religion (page 113) :
"Enfin à ceux qui verraient dans le bouddhisme une religion
moins brutale et plus ouverte au sentiment d'émancipation, il n'est
pas inutile de rappeler quelques préceptes de la Précieuse
Guirlande des avis au roi, que le Dalaï Lama ne dédaigne
pas de citer et d'approuver dans son ouvrage, Comme la lumière
avec la flamme:
L'attirance pour une femme vient surtout
De la pensée que son corps est pur
Mais il n'y a rien de pur
Dans le corps d'une femme
De même qu'un vase décoré rempli d'ordures
Peut plaire aux idiots
De même l'ignorant, l'insensé
Et le mondain désirent les femmes
La cité abjecte du corps
Avec ses trous excrétant les éléments,
Est appelée par les stupides
Un objet de plaisir".
Un des textes fondamentaux du bouddhisme, le canon pali, exprime lui
aussi sans ambiguïté cette misogynie (cité dans Le
bouddha, Henri Arvon, PUF, 1972) :
"Aussi le bouddha ne cesse-t-il de mettre ses disciples en garde
contre la séduction insidieuse exercée par la femme: «Il
faut se méfier des femmes, leur recommande-t-il. Pour une qui est
sage, il en est plus de mille qui sont folles et méchantes. La femme
est plus secrète que le chemin où, dans l'eau, passe le poisson.
Elle est féroce comme le brigand et rusée comme lui. Il est
rare qu'elle dise la vérité : pour elle, la vérité
est pareille au mensonge, le mensonge pareil à la vérité.
Souvent j'ai conseillé aux disciples d'éviter les femmes.»"
Ce n'est qu'à contrecœur que le bouddha accepta des nonnes dans
sa communauté, en leur imposant toutefois huit règles très
contraignantes pour les maintenir dans un état d'infériorité.
17 janvier 2003
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