Quand le pape prédit le passé
Le troisième secret de Fatima
Enfin! 83 ans d'angoisses et de questions se sont terminées par
la révélation du troisième secret de Fatima par JP2 en mai 2000 via le cardinal Sodano.
Fatima est cette petite bourgade portugaise
où, en 1917, trois gamins auraient vu Marie, la mère de l'hypothétique JC.
Noter que les miracles et apparitions surviennent en général à un public très
restreint, peu instruit et dans des endroits isolés (à quand une apparition de
Marie place Saint Pierre à Rome devant caméras et millions de témoins?).
Curieusement, deux des trois gamins sont décédés un et trois ans plus tard.
Dieu, dans son infinie bonté et surtout dans l'intérêt de l'Eglise, les avait
rappelés à lui. Restait Lucia, détentrice du secret, qui a rapidement elle aussi
disparu de la circulation pour entrer dans une pension religieuse de Porto en
1921 et rester dans les ordres le reste de sa vie.
La célébrité de
Fatima ne vient donc pas des témoignages des gamins, vite mis à l'écart, mais
de Mgr Da Silva qui, flairant la bonne affaire, se mit à parcourir le monde
avec le succès que l'on peut bien mesurer actuellement. Pèlerinages et
processions à genoux attirent quantité de grenouilles de bénitiers qui en
souvenir de ces moments de haute spiritualité, ne manquent pas de ramener une
effigie de Lucia ou de Karol. La crédulité n'a de bornes que celles imposées
par le compte en banque.
Jean Paul II ne s'y est pas trompé et s'est
lui-même rendu à Fatima le 14 mai 2000. Et nous savons enfin, Oh Gloria!, Loué
soit le Seigneur!, que la troisième prophétie annonçait... un évènement survenu
il y a 19 ans, l'attentat contre le pape du 13 mai 1981. C'est un nouveau genre
dans l'évangélisation chrétienne, la prédiction du passé. Les gourous n'y sont
pas sujet à l'angoisse de la réalisation de leur prédiction et sont assurés du
succès auprès des niais. Le Vatican a donc une longueur d'avance sur Elizabeth
Tessier, Suzel Fuzeau Braesch (dont la mise en doute de l'historicité de JC n'est que la lutte contre
la concurrence) et autres astrologues qui en sont restés à se préoccuper de
l'avenir. La compétition entre le christianisme et les voyants tourne à
l'avantage du premier quoique les disciples de Nostradamus sont assez habiles
dans l'annonce d'évènements passés. De même, une rumeur susurrée au Vatican dit
qu'un concile y aurait été organisé en 1962-1965 pour moderniser l'Eglise, il
s'appellerait Vatican II...
Non content d'ancrer son Eglise dans la
réaction en matière de mœurs, le pape conserve et cultive cet obscurantisme
qui fait sa gloire et sa réussite depuis 2000 ans. Cette annonce désuète du
troisième secret de Fatima rappelle que le foi chrétienne est l'obéissance à
des dogmes archaïques, la soumission à un vieillard superstitieux et
l'entretien de la crédulité humaine. Une superstition qui culmine jusqu'à
l'installation dans le diadème de la Vierge de la balle qui atteint le pape en
1981. Reliques et fétichisme ont montré leur efficacité pour absorber les
brebis dans un troupeau où elles perdent leur individualité.
Dans sa
tentative de revigorer l'Eglise chrétienne par l'occupation incessante de la
scène médiatique (voyages, ingérence dans les affaires internes de toutes les
nations), l'entretien de la superstition et le soutien aux croisés qui vont de
Pinochet au professeur Lejeune, le pape Jean Paul II confirme et accroît le
décalage avec une société dont l'intérêt réside dans la distanciation vis à vis
des institutions religieuses.
27 juin 2000
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