A Paris, Bertrand Delanoë utilise une école maternelle pour présenter son futur institut musulman
Le Ramadan 2006 fut une bonne cuvée pour les élus parisiens. Pressant la laïcité pour la vider de tout son suc, Bertrand Delanoë a ouvert les agapes à Charléty, Georges Sarre a adoubé le festin dans la crypte d'une église, et le même Delanoë, accompagné de Daniel Vaillant, a de nouveau marqué les festivités de sa patte en inaugurant le 19 octobre un centre religieux présenté comme culturel et universitaire. Sans oublier la visite de la ministre de la guerre Michèle Alliot Marie à la Mosquée de Paris, à l'heure de la rupture du jeûne, et accueillie par un bisou reconnaissant du recteur Boubakeur, ce qui n'est pas un péché même avant le coucher du soleil pendant le Ramadan.
Ce 19 octobre, donc, eut lieu à Paris un de ces évènements antilaïques qui ont aussi valeur de symbole : un institut des « cultures » musulmanes, ou plutôt sa préfiguration puisqu'il ne sera prêt qu'en 2011, a été inauguré par le maire de Paris dans les bâtiments d'une ancienne école maternelle, au n° 19 de la rue Léon. En clair il s'agit de financer, à terme, la construction d'une mosquée par le détournement de la notion de culture, procédé qui choque de moins en moins à gauche comme à droite. Victor Hugo encourageait à ouvrir des écoles pour fermer des prisons, Delanoë recycle une école en maison de la superstition. Ce mépris de la laïcité n'a pas été réalisé sans caution universitaire : Jean Baubérot, qui était présent, Vincent Geisser, Olivier Roy, et quelques autres font partie d'un « conseil scientifique » censé garantir la teneur universitaire des activités du lieu. Sachant que Baubérot, Geisser et Roy ne dédaignent pas de participer aux rassemblements de l'Union des Organisations Islamiques de France, on imagine sans peine l'obscure lumière qui y descendra.
Actuellement, dans ce quartier du XVIII arrondissement, la mosquée de la rue Myrha déborde sur le bitume chaque vendredi et celle de la rue Polonceau fait de même avec les conséquences les plus inquiétantes par rapport à la circulation automobile. Tel est le tableau d'un islam bien peu versé dans la modernité, l'humanisme et le rapprochement des individus. Dans le cadre de cet institut des « cultures » musulmanes, des aménagements de salles de prières seront effectués au 55, rue Polonceau et au 56, rue Stephenson, pour un coût d'une dizaine de millions d'euros, financé par la Mairie de Paris. L'institut sera alors un exemple parfaitement abouti de l'arnaque de l'alibi culturel pour subventionner le cultuel. Oui, Allah est vraiment grand et la Mairie de Paris est sa dévouée servante.
Cependant, le but affiché de rapprocher musulmans et non musulmans n'a pas été traduit dans les faits : l'inauguration n'était pas publique mais sur invitation, un comble quand on présente l'opération sous le signe du vivre ensemble, et ressemblait surtout à une fête PS privée dans laquelle les musulmans étaient rares. L'institut des « cultures » musulmanes s'apparente en fait à une opération « bonne conscience » du PS parisien. Le quartier de la Goutte d'Or mériterait pourtant des initiatives autrement moins démagogiques, et beaucoup plus urgentes, tant il est ravagé par le trafic de drogue. Les habitants du quartier sont beaucoup plus demandeurs de tranquillité et de sécurité que d'une maison de la religion.
4 novembre 2006
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