Marche arrière partielle de Jean Paul II devant la théorie de l'évolution
Le 23 octobre 1996 le pape a déclaré dans un message envoyé l'Académie Pontificale des Sciences que la théorie de l'évolution de Darwin est "plus qu'une simple hypothèse". Et il l'a proclamée compatible avec la foi chrétienne. Mais Jean Paul II persiste à considérer l'âme humaine comme une création divine qui n'est pas du ressort du darwinisme. Les médias ont célébré cette mise à jour des dogmes comme la marque d'un progressisme illusoire en oubliant que le pape reste toujours aussi ferme sur la primauté de la religion catholique sur la recherche scientifique.
Le Vatican fait ici un nouveau pas en arrière en admettant une
certaine vérité dans les idées de Darwin. Cependant
ce semblant de bonne volonté est rendu sans intérêt
par le maintien d'une intervention divine au travers de la
prétendue âme. Le Vatican ne voit pas (ou ne veut pas voir)
que cette dernière est inconciliable avec
la recherche scientifique qui refuse tout dogme alors que par ailleurs le
clergé ne manque pas de déclarer que science et religion
peuvent coexister en bonne intelligence.
La religion tente de s'approprier la science après l'avoir
bafouée pendant des siècles.
Reagan avait en effet déclaré pendant sa campagne
présidentielle: «L'évolutionnisme est
seulement une théorie scientifique, une théorie que la
communauté scientifique ne croit plus aussi infaillible qu'on l'a
cru autrefois. En tout cas, si on se décide à l'enseigner
dans les écoles, je pense qu'on devrait aussi enseigner le
récit biblique de la Création.» D'autre part, avec cette annonce, le pape se pose en juge des
théories scientifiques, se donnant en fait un rôle de
censeur qu'il a toujours eu.
Octobre 1996
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