Un extrait de La femme arabe dans le "Livre des chants" de Abu al-Faraj al-Isfahani (traduction par Mohammed Mestiri, préface et commentaire par Mohammed Mestiri et Soumaya Mestiri, Fayard 2004), avec un exemple d'exploitation commerciale du voile islamique au Xe siècle :
Kitap al Aghani 3/p.46 :
" Un certain négociant de Kufa arriva à Médine transportant un chargement de voiles noirs dont personne ne voulait. Il s’en plaignit à son ami ad Darimi.
A l’époque, ce dernier s’était retiré pour se consacrer à la vie religieuse, délaissant le chant et la poésie. Il répondit en ces termes à son ami le marchand :
-Ne te préoccupe pas de cela. Je vais louer dans un poème la beauté du voile noir et tu finiras par écouler ton stock !
Il composa un poème, dont les deux vers suivants, qu'il mit en musique, et qu’il chanta :
« Dis à la belle au voile noir : mais qu’as-tu fait à ce vieux moine ?
Il retroussait ses habits et s’apprêtait à prier lorsque tu apparus à la porte du temple ! »
Sinan le secrétaire chanta aussi ces vers qui se répandirent très vite. Les gens firent la réflexion suivante :
-Voici ad Darimi qui renoue avec son passé et renonce à sa vie d’ascète.
Il ne resta à Médine aucune belle femme qui n’eut acheté de voile noir. Le marchand irakien se débarrassa ainsi de sa marchandise. Quant au poète, il
revint à la vie religieuse, et ne quitta plus la mosquée dès qu’il apprit la nouvelle. "
4 juin 2010
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