Cartographie du colonialisme chrétien en Amérique
Acculturation de l'Île de Baffin à la Terre de Feu
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Légende
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: Catholiques (hors Jésuites et Oblats)
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: Jésuites
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: Oblats
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: Protestants
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: Anglicans
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: Orthodoxes
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Quand l'expédition de Christophe Colomb est découverte par les Amérindiens en 1492, la croix chrétienne est un bagage essentiel des Européens. Si la quête de richesse répond à l'argument économique de l'exploration, l'évangélisation en est la justification spirituelle. Économie et religion sont l'hydre bicéphale qui entreprend la conquête du "Nouveau Monde" et, de l'Île de Baffin à la Terre de Feu, ce sont d'innombrables peuples autochtones qui furent sommés d'adhérer à la nouvelle foi, de substituer une idole unique à la multiplicité des anciennes, d'abjurer ce qui fut auparavant leur vie, leur être, leur monde.
L'imposition du christianisme connut des succès divers, de l'adhésion véritable à la résistance totale en passant par le syncrétisme sincère ou l'adhésion feinte.
L'Église catholique, avec le concours toujours ardent des Jésuites, a mené la tâche avec grande application, toujours confortée par un système théologico-juridique élaboré à cette fin. L'immensité du continent a aussi permis à d'autres variantes de la secte (protestantisme, anglicanisme, christianisme orthodoxe) de s'adonner au détournement religieux et culturel des sociétés locales.
La carte ci-dessus propose une ébauche de représentation spatiale des intrusions de la colonisation chrétienne dans le continent américain. Elle est le fruit de plusieurs voyages, de lectures variées et de documents glanés sur internet. Pour chaque localité, un texte présente et date la situation concernée ; des photos et des compléments d'information peuvent aussi être proposés. Les lieux examinés permettent de constater que, après cinq siècles d'intrusion, le sceau chrétien a été apposé en tout lieu fréquenté par les Européens.
Le christianisme est une nappe visqueuse qui ne connaît pas de limite ; les Amériques en comportent des traces indélébiles dont la première est la toponymie : marquer le territoire pour l'accaparer.
Cette cartographie ne prétend relever d'aucune méthodologie historique ou afficher aucune exhaustivité, ni chronologique, ni géographique, mais une observation rapide peut néanmoins en être dégagée. Il apparaît que la pénétration du catholicisme (croix noires, rouges et marrons) suit deux routes : d'une part la progression des conquérants espagnols depuis les Antilles et le Mexique vers le sud du continent dès le XVIème siècle, et d'autre part celle des explorateurs-commerçants français au Québec quelques décennies, voire un siècle, plus tard. Les Protestants (croix bleues) ne s'engagent véritablement dans la course qu'aux XVIIème et XVIIIème siècles et sont limités aux côtes orientales jusqu'aux Antilles. A partir de la fin du XVIIIème siècle, l'Alaska est atteinte par le christianisme orthodoxe (croix vertes) à cause de sa proximité géographique avec son ancien propriétaire russe. Enfin, les Anglicans (croix jaunes), partis les derniers, durent se contenter des territoires les moins accessibles que sont la Baie d'Hudson, l'Île de Baffin et la Terre de Feu.
Un travail similaire demeurerait à effectuer pour les autres continents avec, selon les situations, une responsabilité parfois accrue des missionnaires protestants (évangéliques, pentecôtistes) par rapport aux émissaires du Vatican. Quant à l'islam, sa marque dans les sociétés locales, du Sénégal à l'Indonésie, fut aussi vive et douloureuse que celle imprimée par sa concurrente chrétienne en d'autres territoires. Il est regrettable que l'ouvrage Religions et colonisation* soit si peu bavard sur l'islam et se limite quasiment au christianisme.
A lire sur le même sujet :
- L'iconoclasme catholique au Vietnam ;
- Un dépliant présente le programme d'évangélisation planétaire de l'Église catholique.
Note :
* : sous la direction de Dominique Borne et Benoit Falaize, Éditions de l'Atelier, 2009
17 juillet 2014
Dernière mise à jour le 11 décembre 2020 avec l'abandon de Google Map pour Open Street Map. Des erreurs typographiques ont pu apparaître lors de la conversion d'un format à l'autre : n'hésitez pas à m'en informer si vous en constatez.
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