L'extrême droite catholique manifeste contre la christianophobie à Paris et les islamistes sont à ses côtés

Tous unis contre le blasphème







La dernière marotte de l'extrême droite catholique est la lutte contre la christianophobie. Depuis quelques mois, elle ne sait plus de quel côté donner de la prière tant les flagellations s'accumulent :
- la photo Piss Christ d'Andres Serrano qui montre un crucifix dans un verre d'urine et exposée à Avignon en avril 2011, finalement détruite à coups de marteaux (Rue89.com 17 avril 2011) ;
- la pièce de théâtre Sur le concept du visage du fils de Dieu de Romeo Castellucci, au Théâtre de la Ville à Paris en octobre 2011, avec 220 arrestations en une semaine (Le Figaro 26 octobre 2011) ;
- Golgota Picnic, une pièce de Rodrigo Garcia qui sera jouée du 16 au 20 novembre au Théâtre Garonne à Toulouse et à partir du 8 décembre au Théâtre du Rond-Point à Paris.
Après les adorateurs de Mahomet qui ne cessent de brailler contre l'islamophobie et suivis, voire précédés, par les idiots utiles du MRAP et de la LDH, les fanatiques catholiques s'engagent dans la mode des hauts cris face à la religiophobie.

Contre les attaques anti-chrétiennes, et puisque le secours du fumeux concept de "dieu" se fait attendre, une manifestation s'imposait et l'extrême droite catholique a pieusement défilé à Paris samedi 29 octobre 2011. L'organisateur Civitas, proche de la Fraternité Saint-Pie X, peut se targuer d'un succès réel car l'affluence n'avait rien de microscopique : entre 1500 (selon la police) et 5000 personnes (selon Civitas) ont défilé sur le pavé parisien. De la place des Pyramides (où trône la statue rutilante de Jeanne-d'Arc) à la place André Malraux en passant par la rue des Pyramides, l'avenue de l'Opéra, la rue du 4 Septembre et la rue de Richelieu, ce fut une litanie de prières, de chants et de slogans pour invoquer la notion de "dieu" qui, avec une remarquable constance, laisse les chrétiens bien seuls dans leur désespoir. Toutes les classes d'âge, dont une jeunesse importante, étaient représentées parmi les manifestants.

La manifestation a démarré vers 18h et la triste succession de prières et de demandes répétées pour l'interdiction du blasphème a été accompagnée d'une nécessaire réécriture de l'histoire de France ("La France est chrétienne et doit le rester"). Le très insidieux "La République est laïque, la France est catholique" vaut programme politique et les nombreux "Touchez pas à Jésus" répondaient comme un écho au "Assez, assez, touchez pas au bien-aimé" crié par les jeunes filles en foulard qui défilaient à l'ombre des barbus le 11 février 2006 à Paris.

La manifestation revêtait le folklore habituel des événements de l'extrême droite (drapeaux abondants, portraits imaginaires du légendaire Jésus, crucifix, chapelets, curés en soutane noire avec les cheveux ras) mais les slogans ont pratiqué un détournement systématique des valeurs de progrès qui, historiquement, ont été transmises par l'humanisme et la laïcité. L'extrême droite joue la carte d'une modernisation frauduleuse des revendications : c'est au nom de la liberté d'expression qu'on demande l'interdiction du blasphème, au nom de la laïcité qu'on demande le respect, au nom du refus des discriminations qu'on voudrait interdire les attaques contre la religion ; bref, c'est au nom de la liberté d'expression qu'on veut la museler.

Musulmans et catholiques unis contre le blasphème

Mais l'aspect le plus inattendu, et révélateur de la collusion des monothéismes contre le progrès humain, fut sans aucun doute la participation de quelques dizaines de musulmans en soutien à leurs frères et sœurs ennemis. Dans un premier temps, dans le cortège, un groupe du Centre Zahra France s’était constitué en élargissant le respect aux collègues, passé et futur, de l’hypothétique Jésus : "Respectez Moïse, Jésus et Mahomet !", un appel limpide à l’interdiction générale du blasphème. Quelques femmes en hidjab étaient de la partie et cette délégation de chiites comportait en première ligne Yahia Gouasmi et le Cheikh Jamel Tahiri. Parmi ses activités, le Centre Zahra France a déjà eu comme conférenciers Dieudonné M'bala M'bala, Mohamed Latrèche (Parti des Musulmans de France) et Kémi Séba (Tribu-K) (L'Express 26 février 2009).




Plus tard, sur la place du Châtelet, ce sont une quinzaine d'islamistes du mouvement Forsane Alizza (Les Cavaliers De La Fierté), avec barbe et djellaba, qui scandent que Issa (Jésus) est leur ami. Il n'est pas dit que cette belle fraternité leur soit rendue par les membres de Civitas, de l'Action Française, du Renouveau français ou les catholiques polonais présents qui doivent peu goûter les "Allah akbar" entendus. Ces inquiétants hurluberlus sont parqués par des CRS mais leur propos est bien exprimé sur trois banderoles et sur un bandeau porté sur le front de l'un d'eux. Une banderole clame que "Nous aimons Issa, Jésus fils de Marie" et les autres reproduisent la chahada, cette formule qui affirme qu'il n'y a de dieu que "Dieu" et que Mahomet est son Prophète : on nage en pleine confusion et absurdité face au catholicisme. Certains militants arborent la marque caractéristique des musulmans dont le front est meurtri par le contact avec le sol lors des cinq prières quotidiennes, à moins qu'ils n'aient pratiqué eux-mêmes cette blessure intentionnellement, une technique qui n'est pas rare pour remporter le concours idiot du meilleur serviteur d'Allah. Sur la photo en bas à droite apparaît un élément qui ne laisse aucun doute sur la violence qui les anime : une main gauche revêtue d'un gant de combat maintient une hampe de la banderole principale. Hélas, l'heure n'était pas à la tenue d'un débat avec les catholiques sur la nature du mythique Jésus, fils de "Dieu" pour les uns, simple prophète pour les autres ; la discussion aurait mené dans les profondeurs labyrinthiques de la théologie corano-biblique.




Sur la photo en bas à droite, on notera le gant de combat qui tient la hampe de la banderole.


Le GUD prêt pour la baston

En vertu de la gemellité des monothéismes chrétien et musulman, une agressivité non dissimulée était aussi observable à la fin du cortège des manifestants. Une trentaine de types du GUD (Groupe Union Défense) concluait le défilé dans des allures martiales, avec quelques filles parmi eux. Bien organisés en quatre ou cinq rangées, nul doute qu'ils étaient prêts à expliquer autrement que par la prière que se moquer de Jésus, eh bien, ce n'est vraiment pas sympathique. Sur la photo suivante, deux d'entre eux ont des foulards pour masquer leur visage, plusieurs ont des gants malgré la douceur (climatique) de cette soirée, certains arborent une chevalière à l'annulaire droit (un détail pas forcément anecdotique quand il s'agit de frapper), et l'individu au premier plan, ganté lui aussi, tient dans sa main droite un objet métallique cylindrique (simple cannette ? bombe lacrymogène ?). On note aussi la présence d'Alexandre Gabriac (à gauche avec une veste beige), connu pour ses saluts fascistes le bras tendu et élu au Conseil Régional de Rhône-Alpes sur une liste du Front National (et viré depuis par le parti). Ce groupe était placé juste avant le Service d'Ordre officiel assuré par les militants de Civitas qui fermaient la marche. Il faisait donc bien partie de la manifestation et ne saurait être considéré comme un ramassis de brebis galeuses qui n'auraient rien à voir avec elle.




Aucune contestation organisée ne s'est affichée sur les abords de la manifestation et ceux, à l'intérieur du cortège, qui voulaient en découdre furent donc bredouilles. Toutefois, une scène piquante eut lieu rue de Richelieu. Un homme de 80 ans, de haute stature, sort de son immeuble et, très irrité par la manifestation, prend à partie une femme en mantille. Les propos sont vifs, la femme est prise au dépourvu et ne peut pas vraiment lui opposer d'argumentation. Élevé par les curés, l'homme, qui se dit chrétien mais pas catholique, nourrit une détestation infinie du catholicisme et gratifie les processionnaires d'un éclatant bras d'honneur en poursuivant ses vociférations. Quelques adolescents bien propres sur eux s'avancent et l'un d'eux lui lance : "Toi, tu sens ta mort".

Au terme du parcours devant la Comédie Française, Alain Escada, secrétaire général de l'Institut Civitas, livre un discours très offensif. Il égrène les douleurs endurées par son camp, annonce les actions à venir et, en référence au printemps arabe, il promet un "automne chrétien". Son discours est ponctué de fréquents "Tous au théâtre" scandés par des militants qui n'entendent pas finir la soirée ici : le Théâtre de la Ville, où se joue la pièce de Castellucci, doit être leur unique destination. Escada laisse la place à l'abbé Régis de Cacqueray, supérieur du District de France de la Fraternité Saint-Pie-X, pour la célébration d'un court office. De façon assez extraordinaire, l'abbé remercie les personnes qui sont venues sans être ni catholiques ni chrétiennes : les musulmans présents sont ainsi salués bien qu'ils ne soient pas cités en tant que tels. Puis un chapelet de dix "Je vous salue Marie" est récité à genoux sous la pluie. Escada revient ensuite pour une conclusion de la soirée. Comme la Mairie de Paris et la Préfecture avaient interdit l'accès à la place du Châtelet, il termine par une ambiguïté bien calculée : "chacun sait où doit se terminer sa soirée". L'explosion de joie libère l'assistance en direction de la Place du Châtelet après une dernière bénédiction par le curé.

"Les CRS avec nous"

En plus des islamistes, plusieurs dizaines de CRS attendaient les catholiques, alors au nombre de 200, pour les bloquer dans l'avenue Victoria, place du Châtelet. L'état des forces de police était le suivant :
- rue de Rivoli : 15 fourgons et un camion ;
- quai de la Mégisserie, juste avant la place du Châtelet : 15 fourgons et un camion ;
- place du Châtelet, devant le Théâtre de la Ville : une dizaine de fourgons et un autobus pour les interpellations éventuelles ;
- avenue Victoria, devant le restaurant Sarah Bernhardt : une dizaine de fourgons.
Mais les policiers n'ont pas été vus comme des ennemis. Ici, aucun risque d'entendre "Police partout, justice nulle part", "Police bras armé du capital" ou "CRS SS". D'un air implorant et à genoux, les manifestants défendent leur bonne moralité ("On n'est pas des voyous"), se justifient par un presque larmoyant "CRS, c'est notre dieu qu'on défend" et sollicitent même les bleus : "CRS avec nous". En formant un arc de cercle face à la police, les catholiques sont organisés autour de quatre curés en soutane dont Xavier Beauvais de Saint-Nicolas-du-Chardonnet. Les premiers rangs sont agenouillés, ils prient, chantent, brandissent des crucifix. Mais comme la situation s'éternise et que personne ne semble décidé à affronter les uniformes ou à abandonner la partie, je quitte les lieux à 22h après avoir enduré quatre heures de prières et de lamentations.




D'après la presse, les manifestants se sont dispersés dans le calme vers 22h30 - 23h.


1er novembre 2011.
Mis à jour le 2 novembre 2011 avec les informations sur le Centre Zahra France et le 28 novembre pour l'identification d'Alexandre Gabriac.






Deux femmes en mantille devant Alain Escada, secrétaire général de Civitas, au pied de la statue de Jeanne d'Arc.














L'abbé Régis de Cacqueray de la Fraternité Saint-Pie-X


Rituel de purification de l'affiche de la pièce de Romeo Castellucci, au pied de la statue de Jeanne d'Arc





Place André Malraux


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