Au Chili, l'Eglise souhaite la libération des militaires coupables de crimes sous la dictature de Pinochet





Au Chili, à peine la droite du milliardaire Sebastián Piñera a-t-elle conquis le pouvoir à la socialiste Michèle Bachelet que l'Eglise se sent pousser des ailes et ose l'insupportable. L'amnistie des criminels fascistes d'hier est l'insulte habituelle aux victimes dans laquelle la justice est assassinée une seconde fois au nom de la paix et de la réconciliation, dans l'Algérie d'Abdelaziz Bouteflika comme dans l'Argentine de Carlos Menem. L'Eglise catholique chilienne n'a pas oublié et n'oubliera jamais le large sourire de Jean Paul II aux côtés du dictateur Pinochet en 1987 au balcon du Palais de La Moneda. Elle n'a pas oublié non plus les manipulations juridiques qui ont permis d'exfiltrer Pinochet d'Angleterre en 2000 pour le ramener sur le sol chilien et le voir, le triomphe arrogant, se lever de son fauteuil roulant sur l'aéroport de Santiago.

C'est donc par la voie légale que la secte catholique, qui n'a jamais failli à son alliance avec les fascistes, vient de demander une loi d'amnistie applicable à certains détenus pour des raisons humanitaires. L'archevêque de Santiago, le cardinal Francisco Javier Errázuriz, avance ses pions avec une fourberie sans égale : "Il est difficile d'expliquer pourquoi une personne doit demeurer en prison jusqu'à sa mort alors que quand elle est très malade, proche de la mort, elle peut rentrer chez elle et décéder parmi les siens. Même chose quand une personne est très âgée et qu'elle a souffert et qu'elle a été punie pour le crime qu'elle a commis." Il s'agit donc de libérer les prisonniers très âgés et pas forcément très malades...

Cette loi s'appliquera-t-elle aux militaires ? L'Eglise répond avec l'hypocrisie qu'on lui connaît : elle n'aurait pas étudié la question, une manière de dire oui. Mais le cardinal a bien sûr son idée sur la question : "il y a des choses sur lesquelles le traitement des militaires pourrait aussi changer", il y a des "avantages dont ne bénéficient pas les militaires pour des raisons assurément politiques. Pour moi, il serait mieux de les traiter tous à égalité." L'Eglise souhaite donc bien la libération des militaires coupables de crimes sous la dictature de Pinochet.


Source : latercera.com 26 février 2010


31 mars 2010


La rencontre entre Pinochet et Jean-Paul II en 1987.

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