Charlie Hebdo incendié :
scandaleux mais pas surprenant





Dans la nuit du 1er au 2 novembre 2011, le siège de Charlie Hebdo à Paris a été dévasté par un incendie vers 1 h du matin ; tout le mobilier et le système informatique et électrique ont été détruits. Parallèlement, son site internet a été piraté avec une image de La Mecque. Vers 13h, une forte odeur de brûlé était encore ressentie devant le siège du journal.

L'hebdomadaire avait reçu auparavant de nombreuses protestations de la part de musulmans fanatiques en prévision de la parution, le 2 novembre, d'un numéro rebaptisé Charia Hebdo avec Mahomet en rédacteur en chef. Il s'agissait de célébrer de manière satirique la victoire électorale des islamistes d'Ennahda en Tunisie et l'affirmation de la charia comme base du droit en Lybie après la chute de Kadhafi.



Sur la couverture, dans le dessin de Luz, on lit : "100 coups de fouet, si vous n'êtes pas morts de rire". Ca n'a pas plu à certains et la réaction a donc été très violente. Mais ça a aussi surtout plu à beaucoup d'autres, énormément d'autres, puisque Charia Hebdo a été rapidement épuisé dans les kiosques à journaux mercredi matin. A l'AFP (31 octobre 2011), Charb a déclaré : "En 19 ans de Charlie Hebdo, on a eu treize procès avec l'extrême droite catholique et on a eu un procès avec les musulmans", et il a ajouté: "Et il se trouve qu'on parle cent fois plus des dessins qui concernent les musulmans que de ceux qui concernent les catholiques, les juifs, les bouddhistes ou les autres religions."

La destruction par le feu d'ouvrages dérangeants, contestataires ou moqueurs, est une pratique caractéristique des régimes fascistes (voir l'excellent Fahrenheit 451 de François Truffaut). Le Coran n'est pas avare d'injonctions à brûler (traduction Kasimirski, Flammarion) :
"Quel spectacle, lorsque les anges ôtent la vie aux infidèles! ils frappent leurs visages et leurs reins, et leur crient: Allez goûter la peine du feu." (VIII, 52)
"Quant à nous, nous avons préparé pour les impies le feu, qui les entourera de ses parois. Quand ils imploreront du secours, on leur donnera de l'eau ardente comme le métal fondu, qui leur brûlera la figure." (XVIII, 28)
"Les vêtements des infidèles seront taillés de feu, et l'eau bouillante sera versée sur leur têtes." (XXII, 20)
"Le feu consumera leurs visages, et ils tordront leurs lèvres." (XXIII, 105)
"redoutez le feu préparé pour les infidèles, le feu dont les hommes et les pierres seront l'aliment." (II, 22)
"Mais ceux qui ne croiront pas, qui traiteront nos signes de mensonge, seront livrés au feu éternel." (II, 37)
"O Prophète! fais la guerre aux infidèles et aux hypocrites, sois sévère à leur égard. La géhenne sera leur demeure. Quel affreux séjour." (LXVI, 9)


Plus inquiétants sont les propos d'un des illuminés de Forsane Alizza qui soutenait les catholiques d'extrême droite contre la christianophobie dans la manifestation du 29 octobre à Paris. Dans cette vidéo prise à l'issue de la manifestation par des militants d'extrême droite, il envisage la possibilité de brûler le Théâtre du Rond-Point à Paris où sera représentée la pièce Golgota picnic de Rodrigo García en décembre (à partir de 2 min. 12 s.) : "s'il [le directeur du théâtre] a envie que ça s'accentue, que les musulmans, les chrétiens mettent le feu à son théâtre, il n'a qu'à persévérer dans son délire satanique." Du théâtre à un journal, il n'y a qu'un pas rapidement franchi par la haine de toute pensée qui n'est pas subordonnée à une norme religieuse.

Et dimanche 30 octobre, le Comité Contre l'Islamophobie en France organisait une conférence (5 euros) à Nanterre sur le thème "Islamophobie, État d'urgence". Autant de raisons pour poursuivre dans la contestation radicale, irrévérencieuse et jubilatoire des religions.


3 novembre 2011









Le siège de Charlie Hebdo le 2 novembre 2011.

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