Le Conseil Français du Culte Musulman doit disparaître




A l'heure où on s'étonne que le fascisme islamique continue de frapper au cœur de l'Europe, chacun cherche les responsabilités dans des individus que l'on dit déboussolés, en manque de repère, qui, paraît-il, seraient eux-mêmes les victimes d'une société aux fautes éternelles. Face à cela, on tente, en France comme en Angleterre, de favoriser, ou plutôt de générer, inventer, un islam laïque, républicain, respectueux des droits humains, bref un islam propre et docile, contre-feu illusoire aux sacs à dos piégés. Au-delà de la Manche ce fut le Londonistan, et de ce côté, le CFCM.

Avec le CFCM, les ministres de la République française, malgré leur célébration parfois bruyante, au point d'en être suspecte, de la laïcité, n'ont pas résisté à la tentation d'organiser un culte contre toute évidence qui inclinerait à la prudence. Imposer l'union à l'ensemble des musulmans n'est pas seulement en dehors des fonctions de l'Etat, c'est aussi une aberration, le signe d'une incompréhension totale des ressorts de l'existence des religions : les sensibilités montrent une diversité infinie et rien ne peut fondre en un même moule un télégraphiste du consulat algérien, un sujet de Mohammed VI, un turc affilié à son gouvernement et son compatriote inscrit dans une mouvance indépendante, un sunnite et un chiite, un adepte de la charia et un partisan d'un "islam des lumières", un imam batteur de femme et une femme non mariée, etc. L'exemple du christianisme aurait dû éclairer les promoteurs de cette entreprise hasardeuse : catholiques, protestants et orthodoxes ont toujours été incapables de se regrouper dans une organisation commune, leur désunion est manifeste et témoigne qu'en matière de religion la différence, loin d'enrichir, oppose et prépare à la guerre.

Nourri d'antagonismes dans sa fondation, le Conseil Français du Culte Musulman usurpe en fait quatre fois son appellation d'origine bien peu contrôlée :
- de conseil il n'a que le nom car, en deux ans d'existence, pas une décision n'a été prise dans les nombreuses thématiques qui lui étaient dévolues (nourriture halal, aumôneries, carrés spécifiques dans les cimetières, voile, pèlerinage, etc.);
- son caractère français est imaginaire du fait des influences de l'Algérie (Mosquée de Paris), du Maroc (FNMF), des Frères Musulmans (UOIF) et, de façon plus marginale, de la Turquie;
- le culte l'intéresse moins que l'obsession pathologique du licite et de l'illicite, on chercherait en vain la théologie dans ses réunions essentiellement accaparées par les querelles de minarets;
- et, enfin, il ne peut prétendre à la représentativité des musulmans qui ne se reconnaissent pas dans ces combats de chefs et de décompte de mètres carrés dans les mosquées.


Charlie Hebdo 20 juillet 2005
La dissolution du CFCM apparaît alors urgente et ce pour deux raisons : le caractère antilaïque de sa constitution et la nature intolérante et fanatique de ses membres les plus actifs (l'UOIF puise son inspiration chez les fatwas de Youssef Al Qardaoui et on se souvient du baiser de Mohammed Bechari, président de la FNMF, au bourreau Abassi Madani). Eructer contre d'obscurs imams qui attisent la haine est inutile sur le long terme si cette instance demeure.

De Villiers, jamais en reste pour clamer la supériorité du christianisme le plus réactionnaire sur les autres mythes monothéistes, a alors flairé la bonne affaire en demandant, il y a un mois, la dissolution du CFCM dans une déclaration qui vaut son pesant d'eau bénite. Dans un opportunisme qui n'aurait pas manqué de hérisser la tonsure du plus fidèle des réfractaires vendéens, Philippe De Villiers en appelle à "nos principes de laïcité" pour contrer l'offensive islamique... La récupération des valeurs de progrès par leurs adversaires n'est pas nouvelle, Karol Wojtyla comme Joseph Ratzinger y ont aussi sacrifié en prétendant que le christianisme contient les germes de la laïcité... De plus, loin d'en appeler à l'esprit de 1905, le vicomte réclame l'instauration d'une "charte concordataire" pour remplacer le CFCM ! Le Concordat est, pour les cléricaux, le souvenir d'une époque et d'un système où l'Eglise voit sa place reconnue et ses échanges avec la puissance publique bien formalisés. Une laïcité qui rétablit des concordats avec les religions est une innovation que seul un pieux soldat du christianisme pouvait suggérer.


28 juillet 2005


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