Le mensonge du site de la Conférence des Evêques de France sur la proportion d'incroyants




Le christianisme n'est pas avare de miracles, c'est bien connu. Comme la toute puissance divine n'admet pas de frontières, le site internet de la Conférence des Evêques de France propose lui aussi à l'édification du fidèle un miracle porteur d'espoirs nouveaux sur la place du christianisme en France. Alors qu'un sondage CSA/Le Monde/La Vie réalisé en mars 2003 affiche 26% d'incroyants auxquels 20% supplémentaires doivent être ajoutés comme jugeant l'existence de Dieu improbable, le site de la CEF n'hésite pas à ne retenir l'existence que de seulement 6% de sans religion. Mais encore faut-il prendre la peine d'effectuer le calcul soi-même car le site catholique répugne à indiquer cette valeur alors que les proportions de catholiques, protestants, baptistes, musulmans, juifs, etc., sont toutes précisées. En oubliant intentionnellement de mentionner la proportion d'incroyants, la CEF masque bien mal son trouble devant ce qui demeure le problème le plus insoluble pour les religions : l'existence de créatures qui nient la réalité de leur créateur.

Pourcentages donnés sur le site de la Conférence des Evêques de France :

Christianisme : 82,72 % Catholicisme : 79,75 %
Protestantisme : 1.58 % dont Luthériens : 0.43 %
Réformés : 0.68 %
Baptistes : 0.02 %
Orthodoxes : 0.79 %
Arméniens : 0.25 %
Musulmans : 10 %  
Juifs : 1,18 %  


Extraordinaire multiplication des croyants, le catholicisme récupère 20% de fidèles supplémentaires. Le mensonge est d'une efficace remarquable dans le repeuplement de la bergerie. Noter que les incroyants ne figurent effectivement pas dans le tableau. Bien que la raison de toute chose réside assurément dans Dieu, je me suis étonné de ces nombres, et de cette absence, dans un courrier électronique adressé au responsable de la page :


à : jeanpaul2@cef.fr
date : vendredi 1 août 2003
sujet : statistiques

Cher Jean-Paul,

A la recherche d'informations sur les voyages du pape en France sur le site du CEF, j'ai eu l'étonnement de constater votre bien curieux dénombrement des français selon leurs croyances. La page http://jeanpaul2.cef.fr/pape_monde/voy_france.html dresse les proportions relatives d'adhésion à diverses religions mais ignore les incroyants, plus qu'elle ne les oublie. On déduit, d'après la somme des pourcentages, une proportion de 6,1% pour les sans religion alors qu'ils constituent 26% de la population française selon un sondage récent de l'institut CSA et commandé par La Vie et Le Monde, deux journaux qu'on ne saurait accuser d'impiété. Vous pourrez en consulter une analyse à http://perso.wanadoo.fr/atheisme/sondage.html.
Sous le vocable de sans religion sont compris les athées, les agnostiques et toutes les personnes qui rejettent les inventions monothéistes. Les données indiquées sur votre site ignorent, c'est-à-dire cachent, ces 26% d'incroyants. Naturellement, cette tromperie présente l'immense avantage d'afficher près de 83% de chrétiens, une manne dont doivent rêver beaucoup de prêtres dans la froideur de leurs églises désertes.
Pour scandaleuse que soit cette tricherie, elle n'en est pourtant pas très surprenante. Tout est bon pour une Eglise en perdition pour éblouir ce qui lui reste de fidèles et les conserver par le mensonge est une technique maintes fois éprouvée par le passé.
Je vous serais donc très reconnaissant de m'indiquer quelles sont vos sources d'information pour ces nombres.
Enfin, m'autorisez-vous à faire figurer votre réponse sur le site de dénonciation des religions www.atheisme.org dont j'ai la responsabilité ?
Merci.





réponse d'un prêtre le 14 août 2003 (le nom n'est pas affiché ici):

L'on m'a transmis votre remarque sur les statistiques publiées par cef.fr. Permettez-moi d'être étonné de votre amalgame entre une statistique et un sondage. Vous rapprochez des réalités incompatibles. L'INSEE n'est pas CSA.

Un sondage se base sur un nombre restreint de personnes interrogées, ne dépassant rarement les 1.000 à 1200 personnes. Il questionne des personnes à un moment de leur existence ou de leur situation. Le risque des variations est réel comme on le voit dans les sondages de popularité.

Une statistique se base sur des critères scientifiquement établis et contrôlables.Les chiffres des statitiques religieuses en France s'établissent sur le critère des baptêmes, relevés chaque année, dans chacune des paroisses catholiques ou réformées, ou luthériennes. Ou bien sur le nombre de circoncisions dans le cas de la religion israélite. Il n'en est pas de même d'ailleurs pour les fidèles musulmans dont le nombre annoncé varie de 4/5 millions à 10 millions puisqu'il n'y a aucun critère stable défini équivalant aux gestes religieux précités.

Votre commentaire âssionné utilise des mots sonores : comme "tricherie", "scandaleuse", "surprenante". Il utilise des "envolées" sur une "Eglise en perdition qui cherche à éblouir ce qui lui reste de fidèles." Il est injurieux à leur égard en les prenant pour des naïfs qui "sont conservés par le mensonge. En vous lisant je me suis trouvé revenu au temps où le journal "La Calotte" publiait en 1904 en première page une caricature présentant un curé en soutane, avec cette phrase, "Le soleil brille pour tout le monde, excepté ^pour les malheureuse brutes qui végètent à l'ombre du cléricalisme." Cette lecture du temps de votre enfance vous a-t-elle marquée à ce point que le souvenir remonte à votre mémoire aujourd'hui ....

Peut-on vous demander un peu plus de rigueur intellectuelle en ne mêlangeant pas deux notions et deux réalités qui ne sont pas de même nature :"sondage" et "statistique."

Personnellement je vis dans une église déserte et froide où chaque dimanche les 5 messes regroupent plus de 10.000 fidèles comptabilisés, tandis que d'autres visiteurs dans les nefs de côté admirent les chefs d'oeuvre de la foi.

Avec toute mon estime





ma réponse, le 15 août 2003 :

Je vous remercie pour votre réponse et vous adresse quelques remarques.

Statistique et sondage procèdent effectivement de deux méthodologies différentes. Pourtant, contrairement à votre défense, ces deux techniques ne sont pas "des réalités incompatibles" car, précisément, le sondage vise à reproduire la statistique par l'étude d'un échantillon plus faible. Si les deux méthodes ne s'accordent pas, l'une (au moins) est fausse.

Les proportions annoncées sur cef.fr sont donc celles issues des baptêmes d'après vos précisions. Soit. Cependant, affirmer que le nombre de chrétiens demeure exactement celui des baptisés suppose que personne n'abandonne cette religion ou qu'il n'est pas possible de la quitter, le sacrement du baptême serait alors plus fort que le libre arbitre de l'individu aspergé. Peut-on être chrétien contre son gré ? Cette impasse vous étant bien évidemment connue, pourquoi la masquer par des nombres surestimés ? Vous savez aussi bien que moi que le christianisme jouit d'un véritable désintérêt parmi la population, maintenir que 83% des français sont chrétiens est donc, et je le maintiens, un mensonge car vous êtes parfaitement conscient de la réalité de la situation. Le sacrement du baptême serait la meilleure antidote contre l'apparition d'athées ? Bien naïf celui qui se réfugierait derrière cette piètre parade.

Quant à la fréquentation des églises, si le dimanche est le seul jour où elle reçoivent une apparence de vie, l'affectation de ces précieux mètres carrés à d'autres utilisations semblerait judicieux pour le reste de la semaine.




6 août 2003, mis à jour le 16 août 2003


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