Les interdits alimentaires dans le judaïsme
Extraits (en italique) d'un article de Jacques Hassoun paru dans Mon Dieu, pourquoi tous ces interdits?, collection Panoramiques, éditions Corlet, 1993.
Le Pentateuque définit très précisément les aliments licites et illicites selon les diverses catégories d'animaux :
"- des animaux qui «se meuvent sur la terre»: ne seront autorisées que les bêtes à cornes, ruminants et porteurs d'un sabot fendu. Tous les autres sont interdits et en particulier le porc, le chameau et le lièvre qui, possédant l'un ou l'autre de ces attributs qui pourrait les faire paraître licites, peuvent tromper le pratiquant: à ce titre ils sont l'objet d'une profonde répulsion;
- ceux qui «sont dans les cieux»: seront exclus tous les oiseaux de proie, les nocturnes, bref tous ceux qui seraient soit susceptibles de s'attaquer aux humains ou aux mammifères, soit de présenter quelque appétence pour les cadavres;
- ceux qui «sont sous la mer»: seuls seront licites les poissons à écailles et portant des nageoires. Les mammifères marins sont considérés comme des hybrides: leur nature les rend définitivement interdits à la consommation;
- tous les insectes - sauf les sauterelles (herbivores!) - et tous les crustacés sont interdits: ils sont doublement impurs dans la mesure où ils grouillent sur les cadavres.
[...]
Évoquons enfin un autre type d'interdit qui met en scène au quotidien l'horreur éprouvée face au mélange: tous ceux qui ont quelque peu à fréquenter la table juive savent qu'il n'est jamais de mets où le lacté et le carné entrent en composition. Non seulement il n'est pas question de faire cuire de la viande dans du lait ou du beurre, mais il est exclu de terminer un repas par un fromage: trois, six ou douze heures (selon les rites) doivent séparer ces deux catégories de nourriture. Bien plus, des vaisselles strictement séparées doivent être attribuées à ces deux catégories. Aucun contact ne doit exister entre ces deux séries d'ustensiles... ils doivent être lavés séparément (avec deux éponges et éventuellement dans deux éviers différents).
[...]
Cette série d'interdits trouve son principe dans un commandement lui aussi répété à plusieurs reprises dans le Pentateuque: «Tu ne cuiras pas le chevreau dans le lait de sa mère»..."
L'imposition d'interdits aussi stricts n'est-elle pas "aussi une manière d'élever une haie toujours plus haute, infiniment haute entre le juif orthodoxe et les autres en lui interdisant toute sortie hors de son groupe? Il a tout loisir d'inviter le gentil (1) ou le juif non observant à partager son repas, mais la réciproque ne saurait être concevable: elle l'expulserait de son espace identitaire, c'est à dire de ce lieu imaginaire qui nécessite une accumulation d'interdits susceptibles de conforter une différence qui semble toujours susceptible de s'effondrer..."
1. gentil: nom donné au non juif dans la Bible
16 août 2001
|