Catholicisme contre protestantisme : un monument bien particulier au Musée Carnavalet à Paris
Le christianisme, loin de constituer l'unité mythique de ses adeptes, a toujours été éclaté en une multitude de sectes, chacune aspirant à la plus grande proximité avec le divin. L'œcuménisme n'est qu'une vertu de façade, contredite autant par l'histoire que par l'incompatibilité fondamentale des diverses croyances entre elles. Les guerres de religions qui ont ensanglanté l'Europe au XVIe siècle en ont été l'illustration la plus douloureuse. À Paris, dans le quartier du Marais, le musée Carnavalet possède un témoin de la haine que les catholiques ont entretenue à l'égard des protestants. Le musée Carnavalet contient sans doute la plus passionnante collection d'œuvres sur la Révolution française qu'on puisse trouver à Paris. La richesse de ses collections en fait une référence pour l'histoire de la capitale et sa visite est donc vivement conseillée.
Dans la cour d'entrée du musée, une statue imposante de Louis XIV par Antoine Coysevox exalte, sur son socle, les bienfaits de la religion catholique. L'œuvre a été érigée "le 14 juillet 1689 en mémoire du festin solennel offert au roi le 30 janvier 1687". Louis XIV a révoqué l'édit de Nantes en 1685 ce qui a assuré le triomphe d'un catholicisme despotique. L'édit de Nantes avait été signé en 1598 par Henri IV : il garantissait aux huguenots la liberté de pratiquer leur culte, la possession de quelques places fortes et l'égalité des droits avec les catholiques.
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Sur une face du socle, la croix catholique terrasse les mauvais esprits acteurs de la réforme. Leurs livres sont foulés aux pieds des saintes femmes et des serpents en habitent les pages. Dans des scènes d'une violence extrême, la Religion, protégée par un bouclier orné de fleurs de lys, menace les huguenots de ses foudres, des dragons les assaillent, les visages sont terrifiés, les individus abattus.
Six personnages sont accablés par la vindicte catholique qui s'acharne sur leurs livres (leur localisation est indiquée sur la photographie du socle) :
- Martin Luther (1483-1546), l'initiateur de la Réforme en 1517 (photographie 300 ko, n°1) ;
- Jean Calvin (1509-1564), théoricien rigoriste du protestantisme qui ne négligea pas le recours au bûcher pour décider de l'issue de quelques querelles théologiques (photographie 320 ko, n°2) ;
- Bernardin Occhin (1487-1564), ou Bernardino Ochino, réformateur italien qui dut fuir Rome pour se réfugier à Genève avant d'errer dans plusieurs pays d'Europe jusqu'à la fin de sa vie (photographie 300 ko, n°3) ;
- Théodore de Beze (1519-1605), successeur de Calvin et premier recteur de l'Académie de Genève (photographie 300 ko, n°4) ;
- Jean Wiclef (1330-1384), ou John Wycliffe, qui s'est attaqué à la toute-puissance de l'Église et a annoncé la Réforme, il finit sur le bûcher (n°5).
- Jean Hus (1372-1415), ou Jan Hus, tchèque partisan d'une réforme du christianisme et précurseur du protestantisme, il fut brûlé par l'Église (n° 6).
Un grand merci au mécréant auteur de ces photographies. L'entrée au musée est libre.
19 juin 2004
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