Plaintes déposées par des amérindiens contre les Églises canadiennes pour pédophilie



Des milliers d'indiens (traduction du mot anglais "indians" auquel celui d'amérindien est préférable) ont déposé des plaintes contre les quatre principales Églises du Canada pour pédophilie et acculturation (New York Times, 2 novembre 2000).

Au 18ème siècle, le gouvernement canadien a organisé l'implantation des Églises chrétiennes sous prétexte d'éduquer la population autochtone et lui apprendre l'anglais en premier lieu. Cette évangélisation forcée consistait à retirer les enfants à leur familles pour les envoyer dans des écoles lointaines, leur faire porter l'uniforme, avec un reniement de leur culture, langue et bien sûr religion. JC ne supporte pas la concurrence. Les châtiments corporels ont naturellement constitué l'essentiel de la technique évangélisatrice.

Ces pratiques ont duré jusqu'à une époque récente et on assiste actuellement à une avalanche de plaintes pour les abus sexuels qu'ont subi les enfants de la part des prêtres dans les années 50-70. Les plaignants rapportent tous des viols et punitions violentes, facilités par le fait que les parents pouvaient rarement rendre visite à leur enfants. La Royal Canadian Mounted Police a récolté 3400 plaintes visant 170 suspects depuis 1995 et environ 16000 amérindiens ont déposé plainte sous quelque forme que ce soit. Les cinq procès réalisés depuis cinq ans ont tous été gagnés par les plaignants (deux au Saskatchewan et trois en Colombie Britannique). Un des jugements rendus en Colombie Britannique a partagé les torts entre l'Eglise Anglicane (60%) et le gouvernement fédéral (40%).

Mais les Églises concernées (anglicane, catholique romaine, presbytérienne et unifiée), loin de se laisser déstabiliser, se défendent en arguant que l'apprentissage de l'anglais et du mode vie occidental restaient l'unique moyen de sauver les autochtones. Et de se lamenter que les condamnations passées et à venir promettent la faillite des Églises, incapables, selon elles, de supporter le poids financier des amendes. La solution préconisée consiste à ce que les affaires soient traitées en dehors des tribunaux et que les indemnisations soient à la charge de l'État! Et l'inévitable repentance a eu lieu en 1993 par l'archevêque Michael Peers.

Le Canada montre donc le vrai visage de la colonisation religieuse, une partie de l'histoire chrétienne qui n'est pas reniée par le Vatican. Le pape Jean Paul II veille bien effectivement, dans chacun de ses déplacements, à encourager la poursuite de l'évangélisation des peuples comme lors de son voyage en Inde en 1999.



Novembre 2000



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