Le calendrier musulman
Dans la concurrence que se livrent islam et christianisme pour le sauvetage des âmes pécheresses, la science, adulée ou honnie, est fréquemment invoquée par les musulmans prétextant que le Coran serait un livre de science. On cite alors l'époque brillante des 8ème - 12ème siècles qui consacra les arabes grands mathématiciens et astronomes, et apporta à une Europe chrétienne engourdie les textes grecs anciens via l'Espagne.
Néanmoins, cette défense trop rapide évite l'examen d'une des premières manifestations scientifiques de l'esprit humain: l'élaboration d'un calendrier. Une des conditions garantissant le développement d'une civilisation est sa prospérité agricole la libérant de la précarité du nomadisme. L'importance de procéder aux diverses phases de la vie agricole (semailles, récoltes...) aux époques correctes requiert la possession d'un calendrier en adéquation avec les saisons qui rythment l'ensoleillement, la pluviosité, la température etc...
Un des premiers actes scientifiques rencontré chez tous les peuples a donc été la construction d'un calendrier. Les musulmans ont adopté un système lunaire de 12 mois de 29 ou 30 jours alternativement ce qui conduit à un total de 354 jours. Pour harmoniser ce découpage du temps avec les phases de la Lune, un jour supplémentaire est ajouté au dernier mois de certaines années (la durée moyenne de la lunaison serait sinon supérieure de 44 minutes à la durée moyenne du mois): année numéro 2, 5, 7, 10, 13, 16, 18, 21, 24, 26 et 29 dans un cycle de 30 ans.
Les mois et leur durée sont donc:
1. Moharram 30 jours
2. Safar 29 jours
3. Rabi I 30 jours
4. Rabi II 29 jours
5. Djoumada I 30 jours
6. Djoumada II 29 jours
7. Radjab 30 jours
8. Sa'aban 29 jours
9. Ramadan 30 jours
10. Sawal 29 jours
11. Dzou'l Kada 30 jours
12. Dzou'l Hidja 29 ou 30 jours
Malgré cet arrangement, l'année musulmane reste plus courte que l'année vraie d'une différence de 10 jours, 11 dans le cas d'une année bissextile. Les paysans devront alors tenir compte de ce décalage aberrant dans le règlement des travaux agricoles. Un handicap évident pour l'Egypte qui avait grandement besoin d'un calendrier fiable pour prévoir les crues du Nil et l'irrigation bienvenue qui les accompagnait.
La permanence d'un tel calendrier aussi inadapté est l'exemple que le dogmatisme du premier millénaire ne s'est pas limité aux pays chrétiens mais a su traverser la Méditerranée. Cette absurdité est d'autant plus le signe d'une soumission d'ordre religieux que les égyptiens disposaient déjà d'un calendrier de 365 jours près de 5000 ans avant l'apparition de l'islam! Les Romains utilisaient une année de 365,25 jours depuis plus de 600 ans, qui devint le système adopté par les chrétiens. Les Grecs possédaient eux aussi une année de même durée depuis 1200 à 1400 ans et les juifs depuis au moins 1000 ans.
L'utilisation d'un calendrier de 354 ou 355 jours révèle deux choses:
- ses promoteurs n'étaient pas animés par la volonté de répondre aux nécessités de la communauté
- sa conservation à l'époque actuelle permet de mesurer le poids du dogme religieux annihilateur de toute innovation qu'elle soit technique ou intellectuelle.
21 janvier 2001
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