La nouvelle mode bouddhiste

 

Large sourire à la caméra et toge aux couleurs chatoyantes, le Dalaï Lama n'en finit pas de plaire. Quelle confiance n'accorderait-on pas à une idéologie diffusée par un tel saint homme? Ce brave homme, domicilié en Inde et porte-parole du Tibet occupé par la Chine depuis un demi-siècle, parvient à captiver les masses avec habileté. Il a ainsi pu se prononcer pour le renvoi dans ses foyers de Pinochet, suite à son arrestation en octobre 1998 en Angleterre, sans que personne ne s'en émeuve. L'attitude similaire du Vatican avait provoqué quelques remous qui n'ont pas atteint les hautes sphères depuis lesquelles le Dalaï Lama en lévitation observe le monde. L'immense publicité faite actuellement au bouddhisme le désigne comme le successeur d'un catholicisme souffreteux.

Ce phénomène de mode ne présente pourtant aucune nouveauté, l'attrait pour des contrées lointaines à la pureté non corrompue par le mode de vie des pays industrialisés est une échappatoire exotique récurrente. C'est le mythe du bon sauvage. L'islam a lui aussi connu les faveurs de la bonne société française aux 17ème et 18ème siècles lors de l'exploration progressive de ses terres d'élection. On parlait à l'époque des mahométans. Les performances de l'islam politique ont depuis détruit cette illusion bucolique et les sociétés industrialisées cherchent leur salut un peu plus loin vers l'est.

Après les pèlerinages hindous des années 60 - 70, c'est vers le bouddhisme que se dirigent les nouveaux croyants. Le marketing y est efficace, le bouddhisme se présente comme une religion sans dieu, ou, plus astucieux, une philosophie. Les leçons des monothéismes chrétiens et musulmans ont bien été retenues. Néanmoins, Bouddha est prié et adoré comme un dieu et les superstitions associées n'ont rien à envier aux miracles chrétiens. L'imagination des gourous et la crédulité des foules sont les atouts les mieux partagés par les religions. Le sud-est asiatique produit des faits surnaturels à profusion, une calamité toujours rémunératrice (voir un exemple survenu en Thaïlande). Dieu ne se produit jamais gratuitement.

Le bouddhisme est une philosophie de la paix nous dit-on. Plus précisément, le bouddhisme prône l'abstention de toute forme de désir pour échapper aux souffrances de la vie. Mais les humains sont incorrigibles et échouent dans cette entreprise ce qui les condamne à des réincarnations perpétuelles. Le bouddhisme est en fait une école de soumission fataliste, l'acceptation du monde tel qu'il est. Plutôt que d'appeler à la création d'une société nouvelle, le bouddhisme enseigne l'immobilisme. L'examen des sociétés bouddhistes suffit à constater qu'aucun progrès (social, politique, médical, judiciaire) ne peut émerger d'une religion maintenant le status quo.

Mais, pour progresser, une telle société devra s'émanciper de ses moines parasites auxquels la doctrine demande qu'ils partent chaque matin quémander leur pain quotidien auprès de la population. Une pratique plus assurée que la prière chrétienne qui en appelle à son dieu pour se sustenter (Seigneur donne nous notre pain quotidien).

La Corée du Sud ne connaît certes pas l'organisation moyenâgeuse du Népal ou du Tibet mais les moines y ont la même difficulté à y convaincre de leur pacifisme sincère (voir les combats de bonzes à Séoul en novembre 1999). Devant des préoccupations aussi égoïstes, contrôler un temple pour s'assurer un financement confortable, l'exotisme en jaune et orange disparaît comme la crédibilité d'une annonce publicitaire dont le mensonge éclate.

Plus grave est la misogynie inhérente au bouddhisme comme Raoul Vaneigem le rappelle dans son livre De l'inhumanité de la religion à la page 113: "Enfin à ceux qui verraient dans le bouddhisme une religion moins brutale et plus ouverte au sentiment d'émancipation, il n'est pas inutile de rappeler quelques préceptes de la Précieuse Guirlande des avis au roi, que le Dalaï Lama ne dédaigne pas de citer et d'approuver dans son ouvrage, Comme la lumière avec la flamme:

L'attirance pour une femme vient surtout
De la pensée que son corps est pur
Mais il n'y a rien de pur
Dans le corps d'une femme

De même qu'un vase décoré rempli d'ordures
Peut plaire aux idiots
De même l'ignorant, l'insensé
Et le mondain désirent les femmes

La cité abjecte du corps
Avec ses trous excrétant les éléments,
Est appelée par les stupides
Un objet de plaisir".


Un des textes fondamentaux du bouddhisme, le canon pali, exprime lui aussi sans ambiguïté la misogynie bouddhiste (cité dans Le bouddha, Henri Arvon, PUF, 1972):.

Enfin, la mode bouddhiste possède en France un autre ambassadeur que le Dalaï Lama en la présence de Matthieu Ricard dont la principale gloire est d'être le fils du philosophe Jean-François Revel. Matthieu Ricard a abandonné ses études de biologie au début des années 70 pour se ressourcer dans les montagnes de l'Himalaya. Le sérieux de sa croyance apparaît sans détour quand il déclare qu'il a les preuves de la réincarnation d'un de ses maîtres dans un enfant (Actualité des religions, juillet août 2000). Effectivement, s'il a les preuves...

Il est donc temps de débarrasser cette religion qui cache son nom d'un vernis dont le seul objet est de la démarquer de la concurrence. Le bouddhisme se glisse dans les crevasses d'une société avide de réponses simplistes, d'une foi prête à être consommée. Des fissures laissées par un christianisme dont l'échec est évident dans l'avènement d'un monde meilleur. Le pacifisme bouddhiste est un leurre médiatique masquant son passéisme par le recours à l'image pour dissimuler son incapacité à réussir dans la construction d'une société plus juste.


17 septembre 2000

    Contact