Dalil Boubakeur au CFCM : partira, partira pas ?




Partira, partira pas ? Depuis quelques mois le ministre de l'Intérieur Nicolas Sarkozy est suspendu aux caprices de Dalil Boubakeur, recteur de la Mosquée de Paris. Les élections du Conseil Français du Culte Musulman (CFCM) début avril 2003, puis celles des Conseils Régionaux du Culte Musulman (CRCM) en juin 2003, ont rendu éclatante la défaite de la Mosquée de Paris au profit des fondamentalistes de l'UOIF et de la FNMF.

Si Dalil Boubakeur a perdu les scrutins, et avec quel fracas, il y a cependant gagné le titre de représentant d'un islam "modéré". Politiciens, le ministre en tête, et médias ont fait du recteur de la Mosquée de Paris le héraut de l'ouverture et de la pratique démocratique de la religion. Fort de cette nouvelle casquette, Boubakeur a menacé par deux fois de démissionner afin d'alerter la classe politique sur les dangers d'un CFCM à la merci des fondamentalistes et, incidemment, de se conforter dans le rôle du défenseur de la veuve et de l'orphelin.

Ainsi, le 15 juin 2003, à l'annonce de sa défaite cuisante aux élections des CRCM, le recteur menace de quitter son poste de président du CFCM. Promptement rappelé à l'ordre par Sarkozy, Boubakeur rentre dans le rang, il y va de la santé du CFCM et de la représentation de l'islam en France dit-on. Ce qu'on dit moins c'est qu'il y va aussi, et surtout, du prestige du ministre... Deuxième alerte le 27 juin 2003 : un communiqué de presse émis par la Mosquée de Paris annonce que le recteur s'éclipse pour des raisons de santé. Il est vrai que Dalil Boubakeur est souffrant. Mais là encore, miracle (!), on explique quelques heures plus tard à la Mosquée de Paris que cette annonce n'est qu'une erreur de secrétariat et que Dalil Boubakeur demeure bien à son poste pourtant fantoche. Sarkozy peut respirer, le CFCM n'explosera pas, du moins pas pour cette fois.

A quoi joue donc Dalil Boubakeur ? Il n'est pas inutile de rappeler que Boubakeur n'a pas toujours été aussi virulent envers l'UOIF (il avait déclaré début 2003 que l'UOIF est constitué de "bons musulmans" en ajoutant que "L'UOIF ne me paraît ni subversif, ni dangereux, les autres sensibilités non plus"). Une visite de la Mosquée de Paris, située à proximité du Jardin des Plantes, est aussi très instructive : femmes portant le voile à l'accueil et sur divers panneaux d'informations, visite guidée pas vraiment œcuménique, répartition distincte des hommes et des femmes dans la salle de prière. Et sans oublier que Boubakeur avait fait partie des accusateurs de Michel Houellebecq. Le recteur, en perdant piteusement les élections face à des plus réacs que lui, aura réussi à acquérir une réputation d'homme ouvert et d'apôtre d'une religion soudainement devenue tolérante. Cette savante manipulation lui a ouvert les portes des ministères et des médias, mais celles des mosquées, acquises à la cause (bien pire il est vrai) de l'UOIF et de la FNMF, lui resteront closes...


4 juillet 2003


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