La guerre en Afghanistan: une riposte inévitable

On ne négocie pas avec le fascisme

 
 

Le gouvernement des Taliban est en train de tomber et il faut s'en réjouir. Cette heureuse issue que les afghans attendaient depuis des années n'a qu'une cause: les bombardements opérés par les Etats Unis d'Amérique.

Pourtant les objections ont été nombreuses et les mises en garde contre les risques d'extension du conflit quasiment unanimes. Si la deuxième réaction témoigne effectivement d'une bonne prise de conscience du problème et a sans doute œuvré à modérer la riposte étatsunienne, l'opposition systématique à toute action militaire de représailles révèle la naïveté de ses partisans, plus soucieux du respect de leur bonne conscience que réellement conscients de la réalité de la tyrannie.

Il est illusoire de croire à un règlement uniquement politique du problème afghan. La raison en est simple: il demanderait comme préalable des discussions de négociation or, par définition, le fascisme n'a que faire de la notion de négociation, celle-ci impliquant nécessairement concessions et compromis, véritables contestations du pouvoir despotique. Le fascisme, et plus encore lorsqu'il est soutenu ou exclusivement constitué par une composante religieuse, a pour seul objectif l'imposition de son ordre, de ses dogmes. Le totalitarisme religieux rejette par essence toute forme de rationalité qui reste la garantie de base à tout règlement pacifique des conflits.

Face à l'aveuglement dogmatique du régime taliban et devant l'urgence, la réplique militaire ne pouvait être évitée. Néanmoins, la riposte pour être guerrière aurait grandement intérêt à s'affranchir de l'omniprésence des USA. Et l'alternative existe: l'OTAN ne pouvant être retenu car instrument des mêmes, l'ONU demeure la seule institution internationale devant assurer cette mission. Mais le peut-elle? Non si elle persévère à se parer de cet angélisme coutumier qui la limite à distribuer quelques sacs de riz; oui si, par contre, et ce serait une nouveauté, elle osait revendiquer un rôle plus offensif. Dans la mesure où le poids des USA y serait moindre, l'Europe plus présente et les pays pauvres mieux entendus, on peut espérer que des situations comme celle du boycott irakien ne se reproduisent pas. Une entente ainsi plus large que celle réduite au Congrès des Etats Unis d'Amérique permettrait de faire l'économie des résumés simplistes qu'affectionne le président Bush, faute d'être capable de procurer de meilleures analyses, comme sa croisade du Bien contre le Mal, rhétorique miroir de celle des Taliban qui en appellent au même "dieu".


15 novembre 2001


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