Benoît XVI invité au Parlement Européen
"Habemus papam !" : les députés européens pourront bientôt entonner, depuis leur banc, cet hymne au rabat-joie Benoît XVI. Le président du Parlement Européen Hans-Gert Pöttering, lors d'une audience papale privée, vient d'inviter officiellement Benoît XVI à la tribune de l'assemblée cinquantenaire en séance plénière (Zenit, agence de presse des Légionnaires du Christ, 26 mars 2007). Le pasteur-loup pénètre d'autant mieux dans la bergerie qu'on lui ouvre la porte. Cette fois, elle lui est ouverte par un catholique qui a déployé moult efforts pour l'inscription d'un supposé héritage chrétiennement positif de l’Europe dans le Traité constitutionnel. Infatigable dans son obsession à ressasser ses frustrations, fêtant à la manière catholique le Traité de Rome, le Grand Inquisiteur a d'ailleurs récemment pleurniché son éternelle mise en garde contre une Europe coupée de ses racines chrétiennes (discours du 24 mars 2007).
Ratzinger n'innovera pourtant pas. Jean Paul II avait déjà foulé le Parlement de Strasbourg en 1988 ainsi que le Parlement italien en 2002. Pat Cox, alors qu'il était président du Parlement Européen, avait lui aussi souhaité la venue de Jean Paul II en 2003. Quant à la COMECE (Commission des épiscopats de la Communauté européenne), elle exerce sans faiblir un prosélytisme zélé. Que Benoît XVI aille faire onduler sa blanche soutane à Bruxelles ou Strasbourg s'inscrit donc naturellement dans la cléricalisation revancharde d'une Europe déjà bienveillante : on se souvient qu'en 2005 l'Union Européenne avait accordé une aumône de 1,5 million d'euros aux Journées Mondiales de la Jeunesse Catholique de Cologne. Qui ose encore parler d'une Europe laïque ?
2 avril 2007
|