Les hésitations du Parti Socialiste sur l'interdiction des signes religieux à l'école




Le président du groupe socialiste de l'Assemblée Nationale use de toutes les astuces du langage pour éviter la confrontation, forcément frontale, avec la question du port du voile à l'école publique. Jean-Marc Ayrault a demandé le 7 mai 2003 la création d'une commission spéciale à l'Assemblée sur ce problème. Contrairement à l'omniprésent Jack Lang, Jean-Marc Ayrault est opposé à l'interdiction des signes religieux à l'école.

Jean-Marc Ayrault avait déjà affirmé son opinion à ce sujet la veille, sous les huées, lors d'un rassemblement devant la Mairie de Paris. Organisé par le Grand Orient de France et des organisations juives (la LICRA, l'UEJF), ce rassemblement pour la République, contre le racisme et l'antisémitisme et pour la laïcité, a constitué une tribune surréaliste pour de bien curieux militants laïques, des convertis récents dont la sincérité n'est que de circonstance : Jean Louis Debré (président de l'Assemblée Nationale), Philippe Douste Blazy (pour qui le code républicain s'inscrit dans la continuité du décalogue de Moïse), Jean de Belot (directeur de la rédaction du Figaro !, qui estime que les agressions contre les lieux de culte sont aussi inacceptables que l'irrespect envers les symboles religieux sur des affiches de films), François Bayrou... Hallucinant.

Jean-Marc Ayrault a ainsi demandé qu'une réflexion soit menée sur l'admission ou pas du voile à l'école, en précisant qu'il ne fallait pas raviver les crispations identitaires par une interdiction stricte et systématique. Pourtant, la réflexion sur le port du foulard islamique devrait avoir été faite depuis longtemps, depuis le déclenchement de l'affaire de Creil en 1989. Proposer aujourd'hui une réflexion sur cette question est l'admission implicite que quatorze années d'infraction à la laïcité n'ont pas ému les responsables de la couardise de l'avis du Conseil d'Etat de 1989. Les déclarations de J.M. Ayrault rappellent avec inquiétude que certains n'ont encore rien compris au 21 avril 2002 ; les électeurs de gauche ne retrouveront pas le chemin des urnes sans plus de lucidité de la part des dirigeants du PS.


13 mai 2003


15 octobre 2003 : Jean-Marc Ayrault est favorable à une loi contre les signes religieux à l'école


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