Du statut inférieur de la femme en islam

Ghassan Ascha

L'Harmattan




S'il est un livre qui soit nécessaire sur la question du traitement de la femme dans l'islam, c'est bien celui de Ghassan Ascha. C'est sans détour et avec grand courage que l'auteur démontre, textes à l'appui, que la pensée islamique demeure embourbée dans son mépris historique des femmes, aujourd'hui comme au temps de l'Hégire.

Ghassan Ascha ne se contente pas dénoncer l'oppression des femmes dans les sociétés musulmanes, il expose qu'elle est non seulement enseignée dans les textes fondamentaux de l'islam, Coran et Hadith, mais aussi requise par les auteurs musulmans qui se sont succédés jusqu'à aujourd'hui. Immobilisme de la pensée égale absence de pensée progressiste. Les extraits de textes sont nombreux et dressent de l'"intelligentsia" musulmane le portrait implacable d'une caste d'ignorants englués dans des contradictions insolubles, celles qui apparaissent naturellement quand on accapare les mots de liberté et d'égalité au service de l'oppression et de la relégation de la femme au rang de domestique sexuel.

Dès l'introduction, le cadre général est annoncé :

"Toutes les religions ont leurs origines dans une aventure antérieure de l'histoire humaine.
Toutes les religions ont été abordées et renforcées par les hommes.
Toutes les religions mettent l'accent sur la mainmise de l'homme sur la femme par l'intermédiaire de lois «divines».
Toutes les religions répriment la femme."


Dans un premier temps, l'ouvrage démystifie le prétendu âge d'or des origines où, selon la propagande islamique, la nouvelle religion aurait apporté moult bienfaits aux femmes. Les déclarations de Mahomet comme du calife Omar Ibn al Khattab se manifestent par un antiféminisme viscéral : "Je ne touche pas la main aux femmes" et "Empêchez les femmes d'apprendre à écrire !" respectivement.

L'inégalité entre l'homme et la femme est ensuite décrite dans chacune de ses composantes :
- inégalité fondamentale quant à la nature de la femme : Ghassan Ascha cite le très célèbre hadith "Les femmes ont moins de raison et foi".
- inégalité en matière de sexe : le mariage est un contrat par lequel "on acquiert l'appareil générateur d'une femme, dans l'intention d'en jouir". Et l'auteur poursuit en citant un spécialiste de la charia : "La jouissance qui est la raison d'être du contrat de mariage est réservée exclusivement à l'homme... Quant à la femme, il importe de signaler que son époux ne lui appartient pas en propre, car l'homme a le droit de jouir d'autres femmes qu'elle. Dieu l'autorise en effet à rassembler sous son toit quatre épouses."
- inégalité en matière de religion : une femme qui a ses règles est considérée comme impure et ne peut "ni pratiquer le jeûne, ni faire ses prières, ni tourner autour de la kaaba, ni lire le Coran ou le toucher" (mais ces restrictions ne seront certainement pas désagréables aux incroyantes...).
- inégalité en matière de témoignage : le témoignage d'un homme vaut deux témoignages de femmes.
- inégalité en matière d'héritage : même arithmétique ignoble puisque la fille ne reçoit que la moitié de la part du fils.
- enfin, inégalité quant à la juridiction sur le meurtre : cent chameaux pour punir le meurtre d'un homme alors que cinquante suffisent pour laver le meurtre d'une femme.

L'abîme dans lequel se vautre l'islam est que ces préceptes iniques énoncés il y a 1400 ans sont actuellement toujours en vigueur et désormais justifiés par les dignitaires musulmans à l'aune des notions de droits humains, de liberté et d'égalité !

Une fois énoncées les nombreuses inégalités entre hommes et femmes, l'auteur étudie l'autorité des hommes sur les femmes comme prescrite dans le Coran : "Les hommes ont autorité sur les femmes du fait que Dieu a préféré certains d'entre vous à certains autres, et du fait que les hommes font dépense sur leurs biens en faveur de leurs femmes." La prééminence des mâles procède à la fois d'une préférence divine qui ne souffrirait donc aucune contestation et d'une relation contractuelle où, par le mariage, l'homme acquiert le corps de la femme. La soumission de la femme est donc la contrepartie de cet accord forcé. On mesure mieux le gouffre intellectuel dans lequel se sont élaborées ces conceptions barbares quand Ghassan Ascha cite un "savant" de l'islam : "Cette préférence n'est autre qu'une simple préférence analogue à celle d'un membre du corps par rapport à un autre. Quel mal y a-t-il à ce qu'on préfère la main droite à la main gauche, et le cerveau à la vue tant il est vrai que c'est la volonté divine qui en a décidé ainsi lors de la création ?"

La question du voile, et de façon plus générale la visibilité des corps féminins, n'échappe pas bien sûr aux flèches de l'auteur. La phobie du corps féminin et la débilité profonde de ses censeurs n'apparaît jamais de façon aussi éclatante que dans les dissertations ahurissantes sur la longueur permise pour les robes (au-dessus ou au-dessous de la cheville, du talon, de quelle longueur la robe peut-elle traîner derrière...) et sur les rognures d'ongle jetées après avoir été coupées (interdiction de regarder celles provenant des orteils mais pas celles des mains).

La scolarisation et le travail des femmes donnent lieu à des débats tout aussi révélateurs de l'élévation de la bêtise au rang de doctrine spirituelle. Sans oublier les innombrables incohérences qui conduisent à invoquer des lois islamiques, inventées à cet effet, pour interdire aux femmes les rares domaines dans lesquels le Coran ne profère aucune interdiction ou s'exprime pas.

L'étude de Ghassan Ascha est une référence extraordinaire, un travail remarquable par son courage. Sa très riche documentation place les auteurs musulmans en face de la misogynie, des absurdités et des contradictions qui, seuls, ont assuré leur notoriété parmi la masse rustre et ignorante. L'islam n'est que la soumission au Coran et sa permanence requiert l'oppression des femmes ; les gourous et autres oulémas ont bien compris que la libération de celles-ci conduirait la religion à sa perte. A lire d'urgence.


25 août 2003


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