"Dieu", une création humaine
Au dilemme de décider s'il devait s'abandonner à la croyance en
un dieu ou adopter un athéisme sage, Blaise Pascal opta pour l'hypothèse
religieuse, un choix gage, selon lui, de meilleures garanties dans le cas d'une
victoire de la thèse adverse. En effet, nul destin funeste ne conclura la vie
d'un croyant si "Dieu" ne s'avère être qu'un concept purement imaginaire. Par
contre, l'athée sera soumis aux pires souffrances si existe l'au-delà infernal
promis par les religions. Pascal jugea donc plus astucieux d'admettre la
solution divine.
S'en remettre à "Dieu" sans exclure l'hypothèse contraire de
l'athéisme ne relève pourtant pas d'une spiritualité très sûre de ses préceptes.
N'admettre "Dieu" qu'en raison des tourments dont pourraient pâtir les athées
témoigne en fait d'une bonne connaissance des pratiques religieuses, toujours
fondées sur une mécanique articulée autour de la soumission, la récompense et la
punition.
Le pari de Pascal peut alors être inversé pour rejeter
précisément la croyance en "Dieu" en vertu des souffrances endurées par l'humanité
depuis des millénaires que perdure cette démission de la raison à s'inventer un
ou plusieurs dieux supposés pacifiques. Abuser le croyant par des légendes
absurdes pour mieux le soumettre aux dogmes et au pouvoir d'une caste, tels
furent l'essence et le projet politique des doctrines religieuses.
Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines)
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Christianisme, islam et, aujourd'hui, judaïsme marquent une
similitude dans leur propagation guerrière qui n'a d'égale que leur refus de
laisser l'individu, homme et surtout femme, décider seul de la conduite de sa
propre vie pour l'assigner dans un statut éternellement infantile. Car les
religions, créées, organisées et propagées par et pour les mâles, ont toujours
abhorré la femme, bouc émissaire de toutes leurs perversions. Le Coran, la Bible
et les textes fondateurs du bouddhisme abondent de versets signifiant à la femme
sa nocivité et ne lui accordent d'utilité que la mission de son ventre.
Mais ne s'agit-il pas là simplement d'excès inhérents à toute
activité humaine? La lecture de la Bible et du Coran rejette cet ultime
sauvetage: la violence religieuse est moins une extrapolation hasardeuse que la
traduction en actes des multiples versets appelant au rejet et au meurtre des
incroyants et des adeptes d'autres fois. On chercherait en vain dans la Bible et
le Coran une théologie cohérente de la paix et de l'amour. Le judaïsme ne fait
pas exception étant lui-même basé sur la notion, raciste par définition, de
peuple élu.
Dieppe (Seine-Maritime)
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Les textes montrent en outre un caractère spécifiquement
humain, rien de divin dans leur confection. Une soixantaine d'évangiles existaient
dans les premiers siècles de la chrétienté et leurs incompatibilités
contraignirent l'Église à ne conserver que les quatre actuellement vénérés. Le
Coran a connu lui aussi de nombreuses versions dont certaines sont parvenues
jusqu'à l'époque actuelle en dépit du saccage ordonné par Uthman. Ouvrages
écrits par des communautés peu instruites, Bible et Coran ne sauraient donc
surprendre par leur violence et leur pauvre contenu philosophique. Jamais les
anciens grecs n'eurent à craindre la concurrence philosophique des livres dits
"sacrés".
Les religions dépossédées de leur illusion de pureté originelle
et de tolérance, reste l'hypothèse divine dont les athées seraient tenus de
démontrer la fausseté. Mais pour en démontrer l'impossibilité, une définition
unique de "Dieu" est préalablement nécessaire. Or chaque croyant dispose de sa
propre conception de la divinité, hormis ceux, très majoritaires, ayant hérité
de la religion de leurs parents par conformisme familial ou social. L'immense
variété des définitions de "Dieu" suffit à convaincre de l'incohérence du recours
à une intervention irrationnelle dans les vies humaines. "Dieu" est une création
humaine, pas le contraire.
Paris
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20 juillet 2002
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