Le Premier ministre inaugure la mosquée d'Argenteuil en présence d'une fillette voilée






Photo Reuters

L'exécration du chanoine de Latran pour la laïcité est une constante jamais démentie alors que sur d'autres sujets le très fanfaron caporal de l'Élysée ne montre pas toujours de cohérence dans ses déclarations variées. On ne compte plus ses visites de mosquées, ses mots doux aux ensoutanés, ses sourires aux rabbins, sans oublier qu'il a rencontré ce que la hiérarchisation et l'institutionnalisation de la foi ont fait de pire : Benoît XVI et le monarque saoudien.

Le 28 juin 2010, une nouvelle étape a été franchie avec l'inauguration de la mosquée d'Argenteuil (Val d'Oise) par le Premier ministre François Fillon. D'une capacité de 2500 personnes, elle comprend aussi une école coranique pour mieux assurer la lobotomisation des gamins et perturber l'enseignement délivré par l'Éducation Nationale : le conflit subi par ces enfants est réel entre les superstitions qui leurs sont inculquées à la mosquée et le discours des instituteurs et institutrices qui vise à assurer leur émancipation en les protégeant des déterminismes familiaux. Opération de communication politique après la propagande réactionnaire sur l'identité nationale et l'interdiction de la burka, la démarche visait à accoquiner un peu plus une religion particulière dans la sphère gouvernementale. Tisser des liens entre les musulmans et l'État est aussi les contrôler et s'assurer de leur soutien par quelques verroteries.

Alors qu'il s'apprête à couper le cordon tricolore, Fillon arbore un large sourire. Pourtant, afficher le symbolisme républicain tricolore censé évoquer la liberté, l'égalité et la fraternité n'est pas la moindre des contradictions devant une mosquée où ces trois valeurs sont subversives :
- pas de liberté dans une idéologie dogmatique ;
- pas d'égalité dans l'islam entre le croyant et l'incroyant, entre l'homme et la femme ;
- pas de fraternité sans l'adhésion préalable à la religion imposée comme vraie.
Il aurait suffit que Fillon tourne légèrement sa tête vers la droite pour vérifier le second point : une fillette voilée. Le petit garçon à son côté est lui aussi très chic mais sans voile : si le torchon islamique était requis pour attester simplement de la soumission au concept fantaisiste d'Allah, hommes et femmes seraient également tenus de le porter. Ne l'imposer qu'aux femmes, y compris à une fillette pas encore pubère, est la terrible illustration de la relégation de la femme tentatrice et pécheresse à un objet sexuel qu'il convient de conserver "pur" en prévision du mariage. En ne disant mot face à cette abomination, Fillon s'en fait le complice.

L'interdiction de la burka et du niqab n'apparaît donc finalement que comme l'arbre qui cache la forêt des manigances antilaïques faisant des religions les meilleures alliées de l'État pour acheter la paix sociale. Pour ce faire, Fillon n'a pas ménagé son imagination afin d'inventer un islam, rencontré nulle part, qui serait un culte "de paix et de dialogue". Il s'est aussi déguisé en théologien pour proclamer que la dissimulation du visage par les adeptes de la burka ou du niqab serait un "détournement du message religieux". Et la complaisance de cette opération de marketting politique lui a fait oublier que, à côté d' "actes anti-musulmans", certains musulmans montrent un véritable racisme envers les non-musulmans comme le refus, par des parents musulmans, que leur fille entretienne une relation amoureuse avec un français blanc non-musulman. Si Fillon a promis d’être "intraitable" envers les premiers, rien n'a été dit pour les seconds.


Source : liberation.fr 28 juin 2010


6 juillet 2010


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