La folie des talibans en Afghanistan
Arrivés au pouvoir en 1996, les talibans ont réduit
l'Afghanistan à un islam obscurantiste et esclavagiste de la
condition féminine.
L'accession au gouvernement de ces «étudiants en
théologie» profita du fiasco soviétique en
Afghanistan. En 1979 l'URSS l'envahit y suspectant une infiltration
américaine. Se développe alors un mouvement de
résistance constitué par les moudjahidines. Ces islamistes
soutenus et armés par les USA, l'Arabie Saoudite et le Pakistan
vont infliger un véritable Vietnam à l'empire communiste.
Le soutien des USA résulte de la fin de la guerre froide,
l'Arabie Saoudite cherche là un moyen d'isoler l'Iran et le
Pakistan pense conforter sa position face à l'Inde dont la religion
différente rend l'entente difficile. L'URSS avoue l'échec
de sa tentative de contrôle du pays en 1989 et l'Afghanistan est
alors livré aux luttes entre diverses factions musulmanes. De cette
guerre civile émergent les talibans, un mouvement
extrémiste constitué d'étudiants en religion issus
des écoles coraniques, les madrasas. Ces fous au puritanisme
délirant sont tous d'origine patchoune, une ethnie ne jurant bien
sûr que par l'arme de l'islam, impliquant le mépris de la
femme. Les talibans conquièrent peu à peu le pays et
atteignent la capitale Kaboul en septembre 1996. Ces combattants n'ont
rien de haut dignitaires religieux mais sont plutôt issus des zones
rurales patchounes, financés par l'Arabie Saoudite et
entraînés par le Pakistan où l'ethnie patchoune est
aussi représentée. En 1998, les talibans contrôlent
les deux tiers du pays, la guerre continue dans le nord contre d'autres
groupes musulmans.
Le programme politique de ces illuminés se réduit à
l'application stricte de la charia, la loi coranique. Le principal
objectif est la soumission de la femme. Celles-ci doivent
désormais se déplacer le visage entièrement
voilé, seule une ouverture en forme de grille leur permet de voir
(photographies
de A. Raffaele Ciriello).
Voir la catastrophique mentalité de ces
nouveaux extrémistes sans connaissance des réalités
et immatures politiquement. Les femmes n'ont plus le droit de travailler et
n'ont plus accès à l'éducation. L'absurdité est
à son comble devant l'impossibilité de recevoir des soins dans
un hôpital. En effet, comme une femme ne peut être soignée que
par une femme et que le droit au travail leur est refusé, la situation
devient impossible. Le port de chaussettes blanches est aussi interdit.
En juillet 1998, des talibans armés ont saccagé des magasins
d'électronique à Kaboul en détruisant des dizaines de
téléviseurs, instruments de «corruption morale» selon
ces désaxés.
Poursuivant leur voyage dans l'absurde en octobre 2000, la pratique du sport a été interdite en fin d'après midi et en soirée comme étant une gène pour la prière. Le sport pourrait constituer une distraction qui éloignerait le musulman moyen de ses activités obligatoires. Le ministère pour la Promotion de la Vertu et la Prévention des Vices est chargé de faire respecter cette décision du mollah Omar, le gourou chef de l'Etat.
Et toujours plus loin dans l'obscurantisme, cet abruti de chef d'état a décidé le 26 février 2001 la destruction de toutes les statues du pays, accusées d'inciter à l'idolâtrie. Le Coran condamne fermement (c'est à dire de mort) la vénération d'idoles non musulmanes. Certaines statues sont des monuments de l'art bouddhiste, d'inspiration grecque parfois et, pour certaines, âgées de 1500 ans. Dans l'hypothèse où des cultes ne leur seraient plus rendus, le mollah Omar, qui passe l'essentiel de son temps sur son tapis à prière, explique qu'il ne s'agit alors que de simples pierres. La communauté internationale a vigoureusement réagi pour protester contre pareille catastrophe, un empressement qui fait malheureusement défaut quant à la condition féminine: cette oppression silencieuse ne trouve pas d'écho dans les musées des pays industrialisés. Rappel utile sur la destruction des mythes concurrents: les chrétiens ont agi de même en France avec des mégalithes dans les premiers siècles de leur ère, ils ont aussi allégrement anéanti les cultures des peuples colonisés dans le reste du monde, les catholiques croates se sont eux attaqués aux églises des serbes orthodoxes au début des années 1940, les hindous ont détruit en 1992 la mosquée historique d'Ayodhya en Inde etc...
Une étape supplémentaire dans la séparation musulmans - non musulmans a été franchie en mai 2001 avec l'imposition du port d'un tissu jaune pour les non musulmans, essentiellement les hindous. Mais là encore les talibans n'innovent pas: les nazis ont déjà eu recours à cette pratique à l'égard des juifs avec le résultat que l'on sait et l'Eglise catholique elle-même avait imposé au XIIIème siècle, toujours aux juifs, le port d'une rouelle cousue sur leurs vêtements. De même à Bagdad, dès le IXème, les non musulmans étaient tenus d'arborer un signe distinctif et le port d'une rouelle leur était obligatoire en Sicile. Des méthodes identiques pour des idéologies aux haines similaires: puiser dans le rejet de l'autre, inventé comme coupable, sa propre légitimité.
Les ravages de la guerre rendent l'aide humanitaire
nécessaire, nourrir la population ne faisant probablement pas partie
des préoccupations des forcenés au pouvoir. L'arme
humanitaire est, ici aussi, malheureusement utilisée par les
islamistes comme en témoigne Mme Emma Bonino, commissaire
européenne chargée de l'aide humanitaire (Le Nouvel
Observateur, 30 juillet 1998). Parlant de cette manipulation:
«Cela s'est vu dans la région des Grands Lacs en 1996. Il y a
des cas où les ONG ont eu accès pendant trois jours à
des réfugiés. Des centaines de malheureux sont sortis de la
forêt pour pouvoir s'alimenter et se faire soigner. Trois jours
plus tard, les ONG étaient chassées, et les
réfugiés qui étaient sortis ont été
massacrés.» Le drame humanitaire a donc bien une cause
politico-religieuse comme dans la plupart des cas.
Faut-il attendre un génocide pour que la communauté
internationale se réveille? Il y a peu à attendre de
l'opinion internationale au vu de l'enjeu économique vital pour
les compagnies pétrolières américaines et
l'Arabie Saoudite. L'atout de l'Afghanistan auquel les USA
s'intéressent tellement est l'acheminement du pétrole
d'Asie Centrale (Turkménistan) par les oléoducs afghans
plutôt que par les voisins iraniens, tactique partagée par
l'Arabie Saoudite. Situation incroyable où les USA considèrent
comme fréquentables ces islamistes. Les talibans disposent de plus
d'une autre forte source de revenu: la drogue. Là aussi, la
conjonction est parfaite avec le voisin pakistanais.
L'Afghanistan est un exemple supplémentaire du djihad, la guerre
sainte des musulmans, dont la barbarie gangrène
l'Asie et l'Afrique. Cette guerre trouve un soutien financier
inépuisable dans les puits de pétrole saoudiens.
La pétition inutile de soutien aux femmes afghanes
La facilité de communiquer via Internet a permis une diffusion
extrêmement rapide d'une pétition de soutien aux femmes afghanes.
Ce texte trouve son origine aux USA où
une personne décida de collecter elle-même
les signatures mais, devant le flot
impressionnant de réponses, son adresse e-mail fut supprimée.
Voir à http://www.snopes2.com/inboxer/petition/afghani.htm pour plus de précisions.
Le Web francophone a alors vu se répandre la
traduction française de cette
pétition. La nouveauté de cette
version est que le destinataire a changé puisqu'il s'agit de l'ONU. Deux adresses e-mail sont indiquées en fin de
pétition mais webadmin.hchr@un.org n'existe pas (ou
n'existe plus?) et daw@undp.org répond aux abonnés
absents. Il ne serait pas surprenant que pour des raisons de saturation
cette adresse ne soit plus utilisée.
Le meilleur soutien aux femmes afghanes consisterait en des pressions
sur les grandes compagnies pétrolières afin qu'elles se
soucient plus des droits élémentaires des afghanes que des
oléoducs qui traversent le pays pour acheminer le gaz et le
pétrole d'Asie Centrale. Les talibans ont beau être contre
toute forme d'occidentalisation, ils n'en sont pas moins sensibles au dollar.
Mort du commandant Massoud, dernier opposant aux Talibans (septembre 2001)
Ahmed Shah Massoud est décédé suite à l'explosion d'une bombe le 9 septembre 2001. Sa mort a été annoncée officiellement le 15 septembre. Deux faux journalistes arabes, munis de passeport belges volés en 1999, ont fait exploser une bombe contenue dans leur caméra; ils sont eux aussi morts ainsi que le traducteur de Massoud. Il semble que l'attentat ait été commandité par le milliardaire saoudien, déchu de sa nationalité, Oussama Ben Laden.
Massoud constituait le dernier espoir de libération du peuple afghan de la
tyrannie des talibans. Pourtant Massoud n'avait rien d'un démocrate modèle qui
aurait séparé la religion de la politique. Islamiste depuis toujours, il
promettait pourtant une place juste aux femmes dans la vie politique en
Afghanistan où elles auraient pu, par exemple, accéder à un poste de ministre.
Néanmoins, dans la vallée du Panshir contrôlée par ses troupes, les femmes ne
rencontrent pas les étrangers et sont toujours vêtues de la longue robe
traditionnelle laissant seulement apparaître les yeux. L'épouse de Massoud
respecte le purdah, c'est à dire vit en réclusion (Le Monde 15 septembre
2001).
Agé de 47 ans, il a fait ses études au lycée français de
Kaboul puis a poursuivi par un diplôme d'ingénieur en génie civil. Sa carrière
militaire débute dès le milieu des années 70 par une tentative de renversement
du président afghan alors jugé trop proche des soviétiques. A partir de 1978 il
lutte contre le pouvoir communiste afghan, puis combat l'envahisseur soviétique
de 1979 à 1989 en résistant avec éclat depuis sa vallée natale du Panshir dans
le nord est du pays ce qui lui vaudra d'être appelé le "Lion du Panshir". La
déroute soviétique laisse le champ libre au chaos général où chaque faction
lutte contre le reste au gré d'alliances toujours de courte durée. Massoud
parvient à Kaboul en 1992 et obtient le poste de ministre de la Défense mais
les combats entre les diverses armées issues des principales ethnies se
poursuivront pour le plus grand malheur des afghans. Il devra quitter le
gouvernement en 1996 à l'arrivée des Taliban et se retranchera dans la vallée
du Panshir. Mais les Taliban continueront à gagner du terrain en battant tous
les autres chefs de guerre. Massoud restera le dernier à leur résister.
Un documentaire de Christophe de Ponfilly: Massoud, l'Afghan.
Novembre 2001 : chute des Taliban
Janvier 2003 :
Bien que les Talibans aient déserté Kaboul depuis plus d'un an, les vieux réflexes de l'islam obscurantiste perdurent : la Cour suprême d'Afghanistan a décidé d'interdire la télévision par câble en Afghanistan pour " anti-islamisme " (Libération 22 janvier 2003). Les chanteuses avaient déjà été interdites à la télévision il y a quelques mois et c'est maintenant au tour des chaînes étrangères de disparaître des écrans.
Février 2003 :
Un article du Washington Post paru le 27 février 2003 a alerté sur la situation toujours dramatique qui prévaut en Afghanistan, la chute des Talibans n'ayant pas mis un terme à la répression religieuse. La charia est de nouveau appliquée et les femmes en sont les premières victimes. Les constatations suivantes ont ainsi été faites :
- bien que les filles aient la possibilité de revenir à l'école, les menaces dont elles sont l'objet dissuadent beaucoup d'entre elles de poursuivre leur scolarité ;
- les amputations sont pratiquées en matière pénale et les non musulmans reçoivent des menaces de morts ;
- exigence d'une pratique stricte de la religion et imposition d'un code vestimentaire inacceptable pour les femmes sous peine d'être battu sur le champ par la police ;
- accusations de blasphème à l'encontre des réformateurs ;
- torture des prisonniers et massacres ;
- mauvais traitements infligés à des réfugiés revenant dans le pays.
Janvier 2004 :
L'inquisition toujours en activité
Liens
Liste de liens sur l'Afghanistan rassemblés par le Réseau Voltaire (Sources Ouvertes, 1er octobre 2001, numéro 63).
Rapport en anglais de l'ONU sur la condition des femmes en Afghanistan (fichier pdf), mars 2001:
"The Situation of Women and Girls in Afghanistan"
Le site afgha.net pour des informations actualisées sur la situation en Afghanistan et qui soutient Massoud.
Voir aussi le site afghana.org
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