Le 8 mars, journée de l'émancipation islamique ?
Les voilées défilent dans la manifestation du CNDF
Après leur éviction de la manifestation pour les droits des femmes du 6 mars 2005 à Paris, le Collectif "Une école pour toutes et pour tous" s'est rabattu sur celle du 8 mars, avide d'apparitions publiques. Sur le trajet de la place de Clichy à la place Jules Joffrin, ce fut un spectacle assez irréel que de voir une vingtaine de musulmanes dissimulées dans des voiles puritains défiler dans le quartier de Pigalle. Les fanatiques, qui considèrent que leur féminité réside dans la soumission aux mâles et à l'idée de dieu, ont concentré leurs revendications sur le port du hidjab dans les écoles. Au cri de "école publique ne choisis pas ton public", le pieu cortège était emmené par Pierre Tévanian pour qui tous les maux de la société française s'expriment en terme de colonialisme et de racisme... Comme d'autres manifestants, il brandissait une pancarte portant les noms de quelques voilées exclues des établissements de Strasbourg, Flers et Thann, la loi contre les signes religieux à l'école étant naturellement une loi raciste et islamophobe. Rien, par contre, sur les centaines de jeunes filles pour lesquelles cette loi est une alliée indispensable dans le refus de cette prison textile. Comme ce n'est pas dans des dogmes religieux oppressifs que peut éclore le progrès et l'émancipation, les islamistes n'ont pas hésité à récupérer les slogans du féminisme historique : "notre corps nous appartient, c'est aux femmes de choisir". Choisir de recourir à l'avortement, à la contraception, de pratiquer l'union libre, la sexualité hors mariage ou sans finalité reproductive ? Non, il s'agit du "libre" choix de s'enfermer dans un statut discriminatoire qui fait de la femme une soumise à vie et du droit de revêtir ce voile au nom duquel on fouette, on lapide, on tue dans les dictatures musulmanes.
Pourtant, dans le cortège, des voix dissonantes ont été entendues sur la question religieuse. Dans les rangs du MLF, une pancarte disait "laïcité oui, religions non, fondamentalismes non" et les anarchistes d'Alternative Libertaire revendiquaient leur athéisme ("je suis athée et je vous emmerde"). Sur le sol, on pouvait lire peint au pochoir : "j'ai vu dieu, elle est lesbienne".
Que venaient faire les puritaines voilées dans ce défilé ? Le Collectif National Droits des Femmes, organisateur de la manifestation, montre une cécité coupable. Comment des femmes qui militent contre les mentalités et discriminations sexistes depuis 30 ans peuvent-elles manquer de lucidité au point d'accepter dans leurs rangs la pire expression de la domination de l'homme sur la femme ? Comment peuvent-elles accepter que la pudibonderie islamique présente, le 8 mars, le port du voile comme une expression d'émancipation et de liberté ? Car le voile n'est pas un simple attribut vestimentaire ou la marque d'une option spirituelle comme d'autres signes ésotériques. Il est l'expression fondamentale de la perversité féminine écrite dans les textes dits sacrés, de l'exécration du sexe libre et de la peur de l'homme devant ses propres pulsions. La femme est ainsi culpabilisée pour l'attirance qui lui est portée. L'imposition du voile ne peut qu'être le fait de mâles à la sexualité névrosée et de femmes convaincues que la servitude volontaire est agréable à leur divinité. Que des féministes accréditent ces frustrations en considérant le collectif "Une école pour toutes et pour tous" comme un acteur acceptable montre aussi leur incapacité à délivrer un signal d'espoir à toutes celles qui, dans les pays musulmans, regardent en direction de l'Europe, et particulièrement de la France, pour faire avancer leurs droits. Lutter contre le voile en France c'est aussi lutter contre le voile dans ces pays.
Conférence à Issy les Moulineaux : les femmes contre les intégrismes
Le refus du voile en France comme source d'espoir pour les femmes des dictatures musulmanes a précisément été un des messages délivrés ce même 8 mars à Issy les Moulineaux dans une conférence remarquable intitulée "Les femmes contre les intégrismes". Marianne Buhler a introduit le débat en rappelant utilement quelques versets chrétien et juif sur la soumission imposée aux femmes. Corinne Lepage, militante infatigable de la cause des femmes et de la laïcité, a parlé avec entrain des combats passés et actuels en précisant bien que laïcité et droits des femmes sont indissociables.
Michèle Vianès, auteure de deux livres incisifs très dérangeants pour les barbus ("Un voile sur la République" et "Les islamistes en manoeuvre, silence on manipule"), a fustigé avec énergie les islamistes, ces oppresseurs pour lesquels la femme n'est que source d'impureté. Michèle Vianès n'est pas de ces personnes timides qui n'osent dénoncer la barbarie pour ne pas choquer. Son courage, sa parfaite connaissance du dossier, son implication sur le terrain associatif au sein de l'association lyonnaise "Regards de femmes" en font une oratrice incontournable et très sollicitée sur la question. Très renseignée et documentée sur les pratiques des fanatiques frappeurs de femmes, elle a égrené des observations toutes plus révoltantes les unes que les autres sur les discriminations dont souffrent les femmes en France en milieu musulman.
Mohammed Abdi, secrétaire général de Ni putes ni soumises, a expliqué la genèse de son mouvement et la nécessité d'une mobilisation pour venir en aide aux filles des quartiers. C'est une véritable régression qui est actuellement à l'œuvre, la situation ayant empiré gravement depuis 10 ou 20 ans. Mohammed Abdi a d'ailleurs défendu avec passion la loi contre les signes religieux à l'école.
Après l'intervention du maire André Santini, Samia Labidi a conclu par une dénonciation très déterminée de l'islam politique, cette pieuvre qui a contaminé la Terre entière. Elle a rappelé que les démocraties sont les proies privilégiées des islamistes comme c'est le cas du Canada où les fondamentalistes tentent de mettre en place un tribunal islamique ! Samia Labidi est la présidente de l'association AIME et la courageuse organisatrice du colloque "Islam contre Islam" du 30 octobre 2004 à Paris. Par son dynamisme, elle montre la voie à suivre pour combattre l'islam politique : faire que se libère enfin la parole des arabes et maghrébins athées, agnostiques et, plus généralement, non musulmans.
31 mars 2005
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